Religion et humanitaire : deux concepts indissociables

Les ONG à vocation religieuse sont actuellement des acteurs primordiaux dans l’action humanitaire et le développement international. Depuis toujours, la religion et l’action humanitaire sont deux concepts indissociables et complémentaires.

Religion et mission humanitaire

Pour la grande majorité de la population mondiale, la religion est une source de valeurs dont la compassion et la charité. C’est dans ce sens qu’elle rejoint les principes humanitaires qui sont centrés sur la dignité humaine, la protection de ceux qui sont victimes de conflits et le bien-être de tous ceux qui ont besoin d’aide. L’humanitaire s’affiche donc comme un appel du créateur à participer au soulagement des souffrances des plus démunis.

Pour apporter ce soulagement, beaucoup choisissent de consacrer un peu de leur temps, de leur talent et/ou de leur argent au service des plus pauvres que ce soit dans leur pays ou à l’étranger. Mais, il est à noter qu’en tant qu’action humanitaire, elle ne devrait être, en aucun cas, conditionnée à une adhésion politique ou à une religion particulière. Certes, la foi en est l’essence mais l’action humanitaire doit rester neutre.

Durant l’ère coloniale, les expéditions missionnaires étaient surtout perçues comme une tentative de conquêtes religieuses, de prosélytisme. En d’autres termes, une conversion de la population cible pour développer ou maintenir l’influence des Eglises. Mais, la mondialisation a permis aux organisations confessionnelles de se structurer et de s’organiser. En tout, elles représentent environ 80% des ONG à travers le monde.

Aujourd’hui, elles s’affirment comme étant des acteurs de poids auprès des gouvernements, des pouvoirs publics, des bailleurs et auprès de la population elle-même. Les ONG confessionnelles bénéficient d’un double financement : de la part des fidèles et de la part d’une institution dont généralement l’Etat. Par ailleurs, elles peuvent servir de passerelle sur le terrain : en tant qu’ONG à vocation religieuse, les gens ont tendance à les faire facilement confiance bien que dans certains cas, cette étiquette leur procure l’effet contraire.

 

L’Islam et l’action humanitaire

Pour la religion musulmane, l’humanitaire figure parmi les principes fondamentaux. En effet, la charité est obligatoire au même titre que la prière, le jeûne, le Ramadan et le pèlerinage à la Mecque. La charité ou Zakat est le troisième pilier de l’Islam. Elle oblige le musulman à donner 2,5% du capital en sa possession durant l’année en guise de dons. Sinon 5 à 10% de la moisson s’il s’agit de récoltes agricoles. « Ce que vous donnez, Dieu vous le remplace » rassure le Coran (34 : 39). Le Zakat enseigne en même temps la générosité et l’autodiscipline tout en rappelant à chaque être que tout appartient à Dieu.

Ainsi, les actes humanitaires représentent donc un élément crucial pour tous les musulmans. D’ailleurs, nombreux  hadiths et textes coraniques incitent et ordonnent  leur pratique :

–      Lutter contre la famine (aide alimentaire) qui est énoncée comme suit : « la meilleure des aumônes est de nourrir un affamé… ». Ce partage est surtout visible lors du Kourbani où chaque famille sacrifie un mouton, la tradition veut qu’un tiers soit mangé par la famille, l’autre à partager avec ses amis et le reste est destiné aux pauvres.

–      Secourir un sinistré (ou équivalent des réfugiés de nos jours) figure aussi parmi les règles d’or imposées par le Prophète Mohammed. Au début de sa mission prophétique, la persécution des musulmans faisait rage à La Mecque. Pour sauver leur vie, le Prophète et ses compagnons ont décidé de se rendre vers La Médine où des généreux musulmans leur ont proposé un refuge. A partir de ce moment-là, le Prophète a décrété la règle de prise en charge des réfugiés, qui sont à cette époque les Mouhaijirin (ceux de La Mecque). Cette règle instaura à chaque Ansar (musulmans de Médine) de prendre en charge un Mouhaijirin en lui donnant un refuge, de la nourriture, et tout autre type d’assistance.

–      Parrainer un enfant : la situation des orphelins est un sujet particulièrement important pour l’Islam. Les textes coraniques promettent le pire châtiment pour celui qui les maltraite et inversement, ils promettent la plus belle des récompenses pour celui qui les aide. « Ceux qui disposent injustement des biens des orphelins ne font que manger du feu dans leur ventre. Ils brûleront bientôt dans les flammes de l’enfer… » (4 : 10)

–      Viser pour le développement durable : à part les aides liées à l’urgence et l’assistance, l’Islam encourage aussi des actions humanitaires qui peuvent avoir des impacts à long terme sur la vie des gens. Pour cela, le Prophète a déclaré : « Quand l’homme meurt, ses œuvres cessent de lui rapporter des rétributions sauf trois actions : une aumône continue, une science utile et un fils pieux qui invoque Dieu ».

–      Le waqf : c’est un don avec un aspect durable dont les avantages peuvent s’étendre sur plusieurs générations. Etymologiquement, le waqf signifie « l’emprisonnement d’un bien légué ». Dans un hadith, le Prophète a déclaré : « La meilleure des aumônes est celle qui perdure, même si elle est minime. »