Comprendre le potentiel agricole du continent africain

Plusieurs pays africains souffrent actuellement d’insécurité alimentaire alors que le continent africain dispose d’un énorme potentiel agricole qui pourrait lui éviter ce genre de situation. Mais un potentiel ne nourrit pas, il faut encore savoir l’exploiter.

 

Le potentiel agricole de l’Afrique : une issue à la crise alimentaire

L’Afrique est fréquemment touchée par des crises alimentaires. Une situation particulièrement préoccupante puisque le continent enregistre chaque année une forte croissance démographique. D’ailleurs, cette tendance risque d’être maintenue pour plusieurs années encore. De plus, les catastrophes naturelles comme la sévère sécheresse qui a frappé plusieurs pays de l’Afrique australe et de l’Afrique de l’Est, vers la fin de l’année 2015, n’a fait qu’aggraver la situation. Selon les données publiées par le Programme alimentaire mondial (PAM) en mois de février 2016, plus de quatorze millions d’africains ont été menacés par la famine à cause de cette sécheresse.

Mais pourquoi les pays africains sont-ils toujours victimes d’insécurité alimentaire ? Certes, les catastrophes naturelles sont en partie responsables mais elles ne datent pas d’hier. Depuis le temps, chaque gouvernement aurait pu mettre en place des programmes de préventions pour assurer que le peuple ne meurt pas de faim. D’ailleurs, l’Afrique a largement la capacité et le potentiel nécessaire pour le faire. En effet, le continent dispose plus de la moitié des terres arables non encore exploitées de la planète. Actuellement, il n’exploite que 20% de ses terres (soit 200 millions d’hectares) et 2% de ses réserves d’eau. Si ce potentiel est exploité convenablement, aucun pays africain ne devrait plus souffrir d’insécurité alimentaire (malgré les aléas climatiques) et le PIB de tout le continent devrait atteindre les 2.600 milliards de dollars d’ici 2020.

 

Changer l’image de l’agriculture africaine

Afin d’exploiter ce potentiel, il est important de souligner que l’agriculture n’est pas un mode de vie mais une vraie industrie qui assure le développement à long terme d’un pays. Ainsi, il faut radicalement changer l’image de ce qu’est l’agriculture pour beaucoup d’africains. Le but sera désormais de transformer l’agriculture traditionnelle en une agriculture semi-intensive ou industrielle qui sera capable d’assurer l’autosuffisance alimentaire de chaque pays. Pour cela, il faut commencer par s’attaquer aux principaux obstacles : les infrastructures, les financements, les législations en vigueur concernant l’agriculture et l’absence des collectivités régionales. Mais aucun de ses obstacles ne pourra être franchi sans l’implication massive du budget de l’Etat en faveur du secteur agricole.

L’exemple emblématique de la réussite de cette politique tournée vers le secteur agricole a été, pendant plusieurs années, le Malawi. Après la crise alimentaire qui a touché le pays en 2004, le gouvernement a décidé de reformer sa politique agricole et a mis en place un système de subventionnement des intrants pour tous les agriculteurs dans tout le pays. Concrètement, les petits exploitants recevaient des subventions en forme de bons pour l’achat d’engrais et de semences. Un an après le lancement du programme, le pays a récolté un excédent d’un demi-million de tonnes de céréales. L’année suivante, il a commencé à exporter vers le Swaziland et le Zimbabwe. Malheureusement, le Malawi a replongé en 2013 dans une grave crise alimentaire à cause des dépenses excessives du gouvernement de l’époque. Néanmoins, cette expérience nous démontre que les terres africaines ainsi que les petits exploitants africains ont énormément de potentiel, il suffit juste de leur apporter le coup de pouce nécessaire pour augmenter leur production.