Yémen : le désastre humanitaire

Oubliée ou ignorée ? La guerre qui se déroule depuis près de deux ans en Yémen est rarement mentionnée par les médias. Pourtant, la situation y est particulièrement catastrophique : plus de 7.000 morts, 30.000 blessés et une crise humanitaire sans précédente affectant principalement les enfants.  

 

Yémen : la crise humanitaire s'accentue

Les enfants sont toujours les principales victimes collatérales des conflits armés

 

Une guerre qui s’enlise…

En 2011, à l’ère du Printemps arabe, des protestations populaires ont engendré la démission d’Ali Abdallah Saleh, président du Yémen durant 33 ans. Un an plus tard, Abd Rabbu Mansour Hadi est élu président de la transition qui devait durer deux ans. Mais la stabilité peinait à se rétablir et un nouveau conflit opposant les Houthis (chiites) au gouvernement en place a éclaté.

Le 25 mars 2015, le président Hadi a demandé un soutien auprès de l’Arabie Saoudite. Cette dernière n’a pas tardé à réagir et a lancé la  « Tempête décisive ». Il s’agit d’une opération visant à attaquer les Houthis par des frappes aériennes. A partir de là, le conflit s’est alors transformé en une guerre sanglante qui a, jusqu’à maintenant, fait plus de 7.000 morts, 37.000 blessés et près de 2,5 millions de déplacés internes.

Sur le plan humanitaire, la situation est tout aussi catastrophique. En effet, les bombardements ont détruits plusieurs réserves privant ainsi 19,5 millions d’yéménites d’eau potable, selon le Programme Alimentaire (PAM). Par ailleurs, 14,1 millions peinent à se nourrir puisque les denrées alimentaires toujours disponibles sont désormais hors de prix. D’après les chiffres rapportés par l’Associated Press, leurs prix ont augmenté d’au moins 60%.

Face à cette précarité, de nombreuses maladies ont fait leur apparition : fièvre typhoïde, tuberculose, paludisme… Ces dernières ne font qu’alourdir le calvaire des yéménites qui, pourtant, sont déjà privés de médicaments et de soins. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), au moins 120 hôpitaux et centres de santé ont été partiellement ou totalement détruits au cours de ces deux dernières années. Les personnels médicaux sont ainsi de plus en plus rares et sont même totalement absents dans plusieurs districts.

 

Les enfants en première ligne

Et comme dans tous les conflits, les enfants sont toujours les principales victimes de ces conséquences. Selon l’Unicef, plus de 2,2 millions d’entre eux souffrent aujourd’hui de malnutrition. Parmi eux, 462.000 sont atteints de malnutrition sévère aigüe et 1,7 million d’autres de malnutrition aiguë modérée.

« La malnutrition au Yémen a atteint un niveau inédit et elle augmente. L’état de santé des enfants du pays le plus pauvre du Moyen Orient n’a jamais été aussi catastrophique » a déploré Dr. Meritxell Relano, représentante par intérim de l’organisation au Yémen. Et le cas de Saïda Ahmad Baghili démontre bien cette situation. Dévoilée en octobre dernier par The Times, la jeune fille de 18 ne faisait plus son âge. En effet, son visage était émacié et son corps décharné à cause de sa maladie mais surtout de la malnutrition sévère aigüe dont elle souffrait.

Puis, en novembre, le Washington Post racontait l’histoire troublante de la famille d’Oussama Hassan. A court de ressources, ses parents sont dans l’incapacité de soigner leur fils de deux ans et d’acheter de la nourriture à ses trois frères et sœurs en parallèle. Ils devaient alors choisir entre soigner le malade ou nourrir les autres. Un dilemme auquel doivent faire face plusieurs familles yéménites au quotidien.