Après un an de guerre, Yémen sombre dans le chaos

Ravagé depuis un an par une guerre sanglante, Yémen continue sa descente en enfer. Actuellement, la situation est plus que catastrophique mettant en danger plusieurs milliers d’yéménites.

 

Situation humanitaire « effroyable »

A cause de la persistance de la guerre, les habitants du Yémen se retrouvent aujourd’hui dans une grave situation humanitaire. Le jeudi 03 février, Action contre la faim, l’une des rares ONG toujours présentes dans le pays, a averti qu’actuellement, près de 21 millions de personnes soit 80% de la population totale (27 millions) ont un besoin urgent d’assistance humanitaire.

Lors d’une conférence à Paris, Cristina Thevenot, une responsable au sein de l’ACF a déclaré que « la situation humanitaire s’aggrave, les ONG n’arrivent plus à couvrir les besoins de la population ». En mars 2015, le nombre de personnes dans le besoin était de 16 millions, soit 5 millions de moins qu’aujourd’hui. Selon Mme Thevenot, le niveau d’urgence humanitaire est actuellement de niveau 4, frôlant ainsi la phase de la famine dans dix gouvernorats sur 21.

Mais dans cette situation, ce sont surtout les enfants qui sont en danger. Selon le dernier rapport de l’UNICEF publié le 13 avril 2015, près de 800.000 enfants souffraient de malnutrition. Actuellement, ils sont plus de deux millions à souffrir d’une malnutrition aiguë sévère, soit un enfant sur trois.

 

Une guerre qui perdure

Le 25 mars 2015, à la demande de Abd Rabbu Mansour Hadi, le président du Yémen, l’Arabie Saoudite a lancé l’opération « Tempête décisive ». Une opération qui visait à contrer les Houthis (chiites) par des frappes aériennes. A partir de là, la guerre s’est transformée en un véritable conflit armé de grande ampleur et a causé jusqu’à maintenant plus de 6.100 morts, dont la moitié sont des civils.

En outre, cette situation a contraint plusieurs millions de personnes à quitter leur foyer. Actuellement, le pays compte près de 2,5 millions de déplacés internes contre 334.000 en 2015. La situation est beaucoup plus catastrophique pour ces déplacés, qui, selon Isabelle Moussard Carlsen, directrice régionale pour le Moyen-Orient d’ACF, « ne sont pas regroupés dans des camps mais fuient vers des zones plus sûres, et se retrouvent sans aucune ressource et sans accès aux services de base ».  Pourtant, face aux menaces et aux arrestations, les ONG ne peuvent pas leur apporter de l’aide.

Face à la gravité de la situation, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU se sont réunis en urgence le jeudi 03 février dernier. A l’issu de cette réunion, le Conseil a demandé à ce que les deux parties en conflits respectent « le droit humanitaire international ». En outre, le Conseil a condamné les attaques qui ont touché des écoles ainsi que des hôpitaux. Pour Stephen O’brien, le patron des opérations humanitaires de l’ONU, ces attaques sont tout simplement « inacceptables ».