Excision : brisons le tabou !

L’excision et toutes autres formes de mutilations génitales féminines sont  des pratiques aux conséquences catastrophiques sur la santé des jeunes filles et des femmes. Pourtant, cette pratique reste encore très répandue dans plus de trente pays à travers le monde.

 

Excision, une pratique en pleine expansion

De nos jours, plus de trente pays continuent à pratiquer l’excision, appelée aussi mutilations génitales féminines (MGF). Selon le dernier rapport du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), publié le 5 février 2016, au moins 200 millions de filles et de femmes dans le monde ont été excisées. Le continent africain abrite plus de la moitié d’entre elles. D’ailleurs, cette pratique est presque universelle dans quatre pays africains dont la Somalie, le Guinée, le Djibouti et l’Egypte. Ces pays ont enregistré un taux de mutilation supérieur à 90%. Ainsi, 98% des femmes ont été excisées en Somalie, 97% en Guinée, 93% en Djibouti et 91% en Egypte. En outre, quatre autres pays africains ont un taux proche de 90% notamment le Mali avec 89%, l’Erythrée avec 88%, la Sierra-Leone et le Soudan avec 88%. Dans certains pays du Moyen-Orient (Yémen, Irak) et d’Asie (Malaisie, Indonésie), l’excision est pratiquée à moindre mesure. En Europe, au Canada et aux Etats-Unis, elle concerne plutôt les filles issues d’une famille d’immigrée.

 

Excision, une pratique barbare

L’excision est une pratique ancestrale qui consiste en l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes féminins. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a distingué quatre différents types de MGF :

  • La clitoridectomie : excision partielle ou totale du prépuce du clitoris ;
  • L’excision : ablation partielle ou totale du clitoris ainsi que des petites lèvres (c’est la pratique la plus utilisée) ;
  • L’infibulation ou excision pharaonique : ablation totale du clitoris, des petites lèvres et d’une partie des grandes lèvres suivie d’une suture des grandes lèvres restantes en ne laissant qu’un petit orifice pour l’urine et le flux menstruel ;
  • Les formes non-classées de MGF : ensemble d’interventions novices pratiquées sur les organes génitaux féminins entrainant des mutilations : ponction et incision du clitoris, introduction de substances ou de matériel dans le vagin pour le resserrer, étirement des grandes lèvres…

Ces mutilations sont généralement pratiquées avant le quatorzième  anniversaire des filles. D’ailleurs, les filles de moins de 14 ans représentent 44 millions du total des femmes excisées à travers le monde. Les pays qui ont enregistré un taux élevé de mutilation pour cette tranche d’âge sont la Gambie avec 56%, la Mauritanie avec 54% et l’Indonésie om plus de la moitié des jeunes filles âgées de plus de 11 ans ont subi cette pratique. Elles sont pratiquées par des femmes âgées ou des accoucheuses traditionnelles qui utilisent des simples instruments comme des couteaux, des larmes de rasoirs…

La pratique de l’excision diffère selon les pays et les cultures. Bien que son origine reste un mystère de nos jours, certains textes confirment qu’elle a existé depuis l’époque des pharaons. Ceci explique probablement le nom « excision pharaonique » attribué à l’infibulation. Ce qui est sûr, c’est que la pratique est liée par un ensemble de croyances culturelles, religieuses et sociales. Les raisons invoquées sont souvent la sagesse et la fidélité de la femme. En effet, les sociétés qui les pratiquent estiment que ces mutilations vont faire en sorte que la femme soit privée de désir sexuel, ce qui la rendra fidèle et sage même si son mari s’absente pendant un long moment.

 

Excision : une violation des droits de l’homme

Quoi qu’il en soit, la pratique de l’excision est une violation ultime des droits de l’homme. Il s’agit d’une coutume barbare qui reflète la persistance des inégalités entre sexes et réduit la femme à un statut de subalterne. D’ailleurs, cette pratique n’apporte rien de bon ! Au contraire, ses conséquences sont catastrophiques et dramatiques pour les victimes, que ce soit sur le plan physique ou psychologique. D’abord au moment de l’opération, qui se déroule généralement dans des conditions insalubres et sans anesthésies, le risque d’hémorragie est important. Et c’est d’ailleurs, la principale cause des décès liés à l’excision. Ensuite, il y a le choc qui peut être dû soit à la douleur, soit au traumatisme psychologique, soit à l’épuisement… L’excision peut provoquer une lésion des organes (urètre, rectum…), une rétention urinaire, diverses infections (infections urinaires surtout). Elle peut aussi transmettre des maladies telles que le VIH, ou l’hépatite B/C puisque les outils utilisés ne sont pas toujours stérilisés. En outre, elle expose les mères ainsi que leurs bébés à des risques majeurs lors de l’accouchement. Par ailleurs, l’excision va changer à vie le comportement et la psychologie des victimes : manque de confiance, phobie du sexe et du contact avec une autre personne… Actuellement, entre 100 à 140 millions de filles et de femmes vivent avec des séquelles de l’excision.  Mais ce qui choque, c’est qu’actuellement des personnels de la médecine comme les sages-femmes ou les médecins pratiquent aussi ces interventions (comme en Egypte) alors qu’ils sont plus que compétents pour comprendre leurs impacts.