Excision : le cauchemar des milliers de femmes

A la veille de la journée internationale de lutte contre l’excision, cette pratique de mutilation sexuelle semble être toujours en pleine expansion. Le rapport publié par l’UNICEF sur ce sujet est d’ailleurs bien alarmant.

 

Excision : en pleine expansion

A quelques heures de la célébration de la journée mondiale de lutte contre l’excision (prévue le samedi 6 février), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance tire sur la sonnette d’alarme avec son nouveau rapport.

En effet, le rapport publié par l’UNICEF, le jeudi 04 février, indique qu’au moins 200 millions de filles et de femmes, dont plus de la moitié vivent en Egypte, en Ethiopie et en Indonésie, ont été excisées.

Parmi les trente pays où l’enquête a été menée, la Somalie, la Guinée et le Djibouti enregistrent le taux le plus élevé de mutilation. Dans ces pays, la pratique est considérée comme « universelle ». Ainsi, 98% des filles sont excisées en Somalie, 97% en Guinée et 93% à Djibouti.

Par contre, le taux a considérablement régressé au Liberia, au Burkina Faso et en Kenya. En tout, près de 2.000 communautés de différents pays ont renoncé à ces mutilations durant l’année 2015.

Néanmoins, cette nouvelle statistique dépasse plus de 70 millions les estimations établies par l’UNICEF en 2014. Selon l’organisme, cette expansion s’explique par la hausse de la croissance démographique dans plusieurs pays pratiquants et par l’arrivée des données venant des pays qui n’ont pas été comptabilisé avant, comme l’Indonésie.

Et bien plus alarmant, ce chiffre risque de s’alourdir. En effet, Claudia Cappa, une spécialiste en statistique et principale auteure de ce rapport, a  expliqué que : « il s’agit d’une estimation plutôt prudente parce que nous savons que cette pratique existe dans beaucoup d’autres pays sur lesquels nous n’avons pu nous pencher avec le même soin en raison de l’absence de données ».

La demande pour « l’interdiction des mutilations génitales sur l’échelle mondiale » a pourtant été lancée par l’UNICEF en décembre 2012. Mais plusieurs pays continuent à la pratiquer et vu ce rythme, l’organisme craint une « augmentation importante au cours des 15 prochaines années ».

Ainsi, pour éviter une telle situation, l’UNICEF vient d’ajouter parmi ses principaux objectifs : « faire complètement disparaitre cette coutume d’ici 2030 ». Pour ce faire, Geeta Rao Gupta, la directrice adjointe de l’UNICEF estime que « il est essentiel de déterminer l’ampleur du phénomène si on voulait l’éliminer ».

 

Excision : une coutume barbare

L’excision, appelée aussi Mutilations génitales féminines est une pratique très courante dans plusieurs pays notamment dans le continent africain comme le Mali ou la Gambie.

A l’origine, les ancêtres africains estimaient que l’homme et la femme sont bisexués. Ainsi, pour s’épanouir pleinement, il était indispensable de corriger cette anomalie. Pour l’homme, la féminité résidait dans son prépuce et pour la femme, sa masculinité se trouvait dans son clitoris.

De ce fait, ils effectuaient alors la circoncision pour l’homme et l’excision pour la femme. Mais à la différence de l’homme, cette pratique a des conséquences désastreuses sur la santé physique et psychologique de la femme.

Effectuées avant le quinzième anniversaire de la fille, l’excision est généralement pratiquée avec de simples instruments comme des couteaux, des lames de rasoirs… et une pommade à base de produits naturels (herbe, terre..) est ensuite utilisée pour aider la cicatrisation.

Pourtant, à cause de ces conditions d’hygiène déplorables, le risque de complications infectieuses augmente. En effet, la majorité des filles ayant subi une excision souffrent généralement d’infections génitales, d’infections urinaires et d’autres problèmes gynécologiques. Et bien évidemment, le risque d’hémorragie est important, des milliers de filles en décèdent tous les jours dans les pays pratiquants. Sans oublier, les conséquences psychologiques qui marqueront la fille à vie.

Actuellement, entre 100 à 140 millions de filles et de femmes dans différents pays vivent avec les  conséquences désastreuses de l’excision ou toute autre forme de mutilation génitale.

Si pour les communautés pratiquantes, cette mutilation est indispensable pour « éduquer leurs filles pour qu’elles restent sages et se marient », c’est surtout « une coutume barbare » qui démontre encore une fois à quel point les droits des femmes sont bafoués dans certains pays.