Enfants syriens : victimes d’exploitation

Dans la sanglante guerre, qui dure maintenant depuis cinq ans, en Syrie, les enfants sont les premières victimes. Même en trouvant refuge en Turquie, ils n’ont généralement pas accès à une vie paisible.

 

Turquie : exploitation des enfants syriens ?

Dans son rapport publié le lundi 01 février, l’ONG Business and human right ressource center a dénoncé « l’exploitation d’enfants syriens » dans de nombreuses usines textiles en Turquie.

L’ONG spécialisée dans la responsabilisation des entreprises sur le travail des enfants a ainsi pointé du doigt plusieurs grandes marques qui possèdent une usine de fabrication dans le pays.

Parmi les accusées, deux grandes marques n’ont pas tardé à réagir : H&M et Next. Elles ont admis avoir identifié des enfants travaillant dans leurs usines en Turquie en 2015 mais assurent avoir pris « des mesures concrètes ».

Ainsi, le porte-parole de H&M a déclaré à Huffington Post britannique que le groupe « n’accepte pas des enfants dans ses usines sous aucune condition ». De son côté, le porte-parole de Next a aussi assuré que la marque a amélioré son « système d’audit ». D’ailleurs, elle vient de partager « un code de conduite » à tous ses fournisseurs en Turquie pour leur rappeler qu’il est « interdit d’employer quiconque n’aurait pas de permis de travail ».

Mais s’il y a celles qui ont reconnu l’existence du problème, d’autres comme Nike, Burberry, Adidas, ou encore Puma ont affirmé « n’avoir trouvé aucun réfugié syrien non documenté dans leurs usines ». Et d’autres marques comme Gap, New-Look ou encore River Island ont même préféré d’ignorer l’accusation.

Selon les données de l’ONG Business and human right ressource center, entre 250.000 et 400.000 syriens réfugiés travaillent actuellement d’une manière illégale et dans des conditions très précaires en Turquie.

 

Traversée pour l’Europe : le nombre d’enfants syriens augmente

En rappel, la Turquie est devenue le premier pays d’accueil des réfugiés syriens tentant de fuir la guerre qui dévaste leur pays depuis 2011. Actuellement, elle abrite près de 2,2 millions de syriens où seuls 250.000 d’entre eux vivent dans des camps pour migrants. Arrivés en Turquie, ils s’installent généralement dans les grandes villes et effectuent un travail au noir ou la mendicité pour survivre.

Et depuis l’année dernière, de plus en plus de réfugiés syriens tentent la dangereuse traversée pour rejoindre les pays européens. Ainsi, l’Europe a accueilli plus d’un million de migrants, dont majoritairement syriens, en 2015 selon l’Organisation Internationale pour les Migrants.

Pour cette année, la crise ne semble pas s’arrêtée car rien qu’entre le 1er et le 18 janvier, l’OIM a recensé 31.000 arrivées dans les îles grecques dont 77 personnes ont noyé. Mais contrairement à l’année dernière, où les hommes étaient majoritaires, les femmes et les enfants représentent actuellement plus de la moitié des migrants.

Selon l’UNICEF, 24% sont des femmes et 36% sont des enfants soit 60% des migrants qui traversent la mer Egée. D’ailleurs, ce chiffre risque  de s’alourdir surtout quand la majorité des enfants ne « déclarent pas leur âge » et que « le nombre exact d’enfants non accompagnés ou séparés n’est pas connu ».

 

Europe : 10.000 enfants  portés disparus

Concernant ces enfants non accompagnés, The Observer a publié sur son site officiel un rapport plus qu’alarmant le dimanche 31 janvier. En effet, l’hebdomadaire britannique a révélé la disparition d’au moins 10.000 enfants réfugiés durant ces deux dernières années.

Des chiffres qui ont été confirmés par Europol. Selon Brian Donald, un responsable au sein de l’agence policière, « il n’est pas déraisonnable d’estimer que nous parlons ici en tout de plus de 10.000 enfants ».

La majorité d’entre eux ont voyagé sans adultes ou ont perdu leur accompagnateur en cours de route. Ils se retrouvent alors livrés à eux-mêmes et s’exposent facilement aux réseaux mafieux.

En effet, selon Olivier Peyroux, sociologue et auteur d’une étude sur « La traite des êtres humains dans les situations en conflit » pour Caritas : « Certains mineurs vont être réquisitionnés pour servir de mules et transporter de la drogue, d’autres vont être contraints de travailler ».

Face à une telle situation, il n’hésite pas à dénoncer « le manque d’ambition des politiques de protection des mineurs réfugiés » dans les pays européens et les pays d’accueil.