Le brouillard énergétique du continent africain

Actuellement, la situation énergétique en Afrique reste catastrophique. Pourtant, le pays possède tous les atouts nécessaires pour compenser ce déficit, notamment grâce à l’exploitation des énergies renouvelables.

 

Un grand potentiel énergétique

Le continent africain dispose d’importantes ressources naturelles qui peuvent être exploitées pour produire des énergies renouvelables (hydraulique, géothermie, biomasse, solaire et éolien). Elles sont réparties dans des zones bien distinctes : le pétrole et le gaz en Afrique du Nord, le charbon en Afrique australe,  une forte capacité géothermique en Afrique de l’Est, les bassins hydrauliques en Afrique centrale et une exposition au rayonnement du soleil importante dans les pays de la région de Sahel.

Pourtant, un africain sur trois n’a toujours pas accès à l’électricité de nos jours, soit environ 600 millions de personnes sur une totale de 1.154.721.274 en 2015. Et pour ceux qui peuvent en bénéficier, ils doivent payer le prix fort. En effet, les tarifs de l’électricité dans les pays africains figurent parmi les plus chers du monde alors que la qualité est très médiocre et les coupures sont fréquentes.

Généralement, les ressources sont souvent sous-exploitées à cause du manque d’intérêt politique qu’elles suscitent et de l’ampleur de l’investissement nécessaire pour les exploiter. Actuellement, elles ne couvrent, au total, que 5% des besoins énergétiques du continent (en 2013).

Dans certains cas, elles sont exportées sous forme brute comme le pétrole, dont les trois quart de la production sont destinés à l’exportation parce que les pays producteurs ne possèdent pas les infrastructures nécessaires pour les transformer. Et, une grande majorité de ces ressources sont tout simplement gaspillées à cause de la déficience des matériels et des infrastructures. C’est le cas notamment des gaz dont plus de la moitié sont perdus lors de la production ou lors du transport.

 

Déficit énergétique et ses conséquences

Pourtant, ce déficit énergétique représente un frein pour le développement de l’Afrique. D’abord, il conduit à une inflation et réduit le pouvoir d’achat de la population. En effet, les tarifs de l’électricité sont excessivement chers à cause du prix élevé du pétrole (utilisé dans la majorité des centrales africaines). Il est à signaler que même si les pays africains en produisent, ils sont obligés d’importer par manque de raffineries locales. Et ceci a un impact direct sur les prix des produits de première nécessité notamment.

De plus, à cause de l’instabilité de l’électricité, les entreprises sont obligées d’utiliser des générateurs diesels pour assurer la maintenance de leurs activités. Pourtant, cette option coûte extrêmement chère et  limite, ainsi, la croissance de ces entreprises et la création des emplois.

En outre, ce déficit met en danger la santé de la population africaine. Actuellement, le bois et le charbon des bois sont les plus utilisés par les foyers africains. Pourtant, les cendres et les fumées produites par ces combustions sont particulièrement dangereuses. D’ailleurs, près de quatre millions de personnes en meurent chaque année, dont majoritairement des femmes et des enfants. Et parallèlement, l’utilisation excessive des bois accélère la déforestation et augmente, ainsi, l’émission de gaz à effet de serre.

Il est donc plus qu’urgent d’avoir recours aux énergies renouvelables en Afrique. Mais avant, il est important que les dirigeants de chaque pays changent d’attitudes et fassent de l’installation des énergies renouvelables, une priorité. Côté investissement, les pays africains auront besoin d’investissements accrus de la part de la communauté internationale. En tout, la mise en place des infrastructures nécessite près de  70 milliards de dollars en moyenne par an d’ici 2030. Actuellement, les financements publics mobilisés par les pays développés pour soutenir la transition énergétique en Afrique s’élève à environ dix milliards de dollars.

En tout cas, même si le lancement est assez coûteux, les avantages sont à long terme. D’après un rapport intitulé « Africa 2030 », publié par l’Agence Nationale des énergies renouvelables (Irena), les énergies renouvelables devraient couvrir 22% des besoins énergétiques du continent africain d’ici 2030. De plus, les coûts de l’installation de l’éolien et du solaire connaissent actuellement une énorme baisse, ce qui devrait favoriser ce changement.