La corruption : un frein au développement ?

Un des principaux maux dont souffrent les pays du Sud est la corruption. Situation complexe, la corruption est à la fois une cause et une conséquence de la pauvreté.

 

La corruption et la pauvreté

Le défi majeur de notre génération est actuellement de réduire la pauvreté dans le monde et de mettre fin à l’extrême pauvreté. Mais pour y parvenir, il est important de s’attaquer à ses principales causes dont la corruption. Selon la définition donnée par Transparency International, « la corruption est l’abus d’un pouvoir confié, à des fins privées ». Cette pratique est présente dans plusieurs pays à travers le monde mais affecte particulièrement et d’une manière significative les pays les plus pauvres.

Et le classement publié par l’ONG allemande en 2015 ne fait que le confirmer puisque la majorité des pays où le niveau de corruption a augmenté (entre 2014 et 2015) sont tous des pays pauvres comme l’Afrique du Sud (83%), le Ghana (76%) ou encore le Nigéria (75%). Pourtant, la corruption ne fait qu’aggraver la pauvreté. Chaque année, elle engendre une perte d’une valeur de 38 à 62 milliards dans les recettes fiscales des pays du Sud, selon l’ONG ONE. Or, si une telle somme est investie convenablement dans l’éducation, la sécurité alimentaire ou encore dans la santé publique, elle pourrait améliorer d’une manière considérable le quotidien de près de 3,6 millions de personnes.

Généralement, ces pays catégorisés comme étant les plus corrompus du monde présentent certains points en commun. En effet, la majorité d’entre eux traversent ou ont traversé une crise interne (politique ou sociale) ou un conflit armé. De plus, bien que ces pays prônent la démocratie, elle n’est pas pour autant respectée. Ainsi, les médias n’ont pas de liberté, les institutions judiciaires ne sont pas indépendantes, aucun document officiel ne relate les mouvements liés aux comptes publics…

 

La corruption, le fléau dévastateur du continent africain

En Afrique, la corruption est l’un des principaux freins au développement du continent. Le secteur public est le plus affecté par ce fléau. Dans la majorité des pays africains, les fonds publics ainsi que les aides venant de la communauté internationale destinées à subventionner divers programmes ne sont pas utilisés à leur juste valeur.  Des fois ils servent à renforcer les équipements militaires ou vont directement dans les poches des dirigeants ou des hauts responsables. Malheureusement, c’est la population toute entière qui en paiera le prix fort parce qu’elle sera privée de soins, d’éducation, d’eau potable, de logement… D’ailleurs ce n’est pas étonnant que les établissements publics soient toujours en de si mauvais états dans ces pays, ou que les hôpitaux manquent d’équipements, de médicaments et même de professionnels qualifiés.

En outre, la corruption pollue aussi la politique. Pour arriver au pouvoir, les partis politiques doivent souvent acheter des voix, ce qui nuit considérablement à la démocratie. Et une fois au pouvoir, ils perpétuent la pratique pour garder leur place le plus longtemps que possible. Rares sont les gouvernements africains qui ne sont pas corrompus mais la population ne peut, malheureusement, pas les dénoncer. Pourtant, cette situation accentue davantage l’instabilité socio-politique, qui, dans la majorité des cas, se transforme en une crise interne plus ou moins grave.

Mais il serait difficile de condamner les dirigeants ainsi que les politiciens africains alors que les citoyens eux-mêmes ont recours à cette pratique. En effet, il est souvent utile de verser des pots-de-vin pour accéder à des  services publics (qui sont supposés être gratuits) ou à des institutions. Ainsi, le recrutement des fonctionnaires ou tout autre poste dans la fonction publique dans ces pays n’est pas axé sur les compétences des candidats mais sur le montant du pot-de-vin versé. D’ailleurs la mauvaise gouvernance dont fait preuve certains dirigeants africains démontre bien cette incapacité pour le poste obtenu. Même chose pour l’enseignement où les parents doivent aussi payer le prix fort pour que leurs enfants puissent avoir accès à une éducation de qualité dans de bonnes écoles.

 

Comment y remédier ?

Lutter contre la corruption semble bien difficile mais pas impossible et le Botswana le prouve. Depuis plusieurs années, ce pays est devenu le modèle par excellence de la bonne gouvernance sur le continent africain. Il dispose de systèmes opérationnels de comptabilité et de contrôle pour les fonds publics ainsi qu’une section juridique chargée de lutter contre la corruption financière. Une telle stabilité a permis au pays d’améliorer son économie en exploitant convenablement et en toute transparence ses ressources naturelles dont les exploitations minières.

Ainsi, pour combattre la corruption, le changement doit partir du gouvernement de chaque pays. Il doit commencer par reconnaître que le problème existe réellement et qu’il apporte plus de mal que de bien à son pays. A partir de là, il doit encourager la mise en place d’une institution indépendante d’anticorruption tout en lui apportant du soutien financier et matériel. Il est aussi important d’accorder à chaque citoyen la possibilité de dénoncer des cas de corruption et d’assurer que ces plaintes soient réellement prises en compte et feront l’objet d’une enquête sérieuse.

Par ailleurs, l’aide octroyée par la communauté internationale renforce la corruption. De plus, les pays qui sont habitués à  recevoir de l’aide ont souvent tendance de mettre de côté leur développement local. Ils perdent petit à petit leur autonomie et deviennent dépendants des pays étrangers. Ainsi, l’aide devra donc être restructurée en la convertissant, par exemple, en des opportunités commerciales ce qui va pousser les citoyens à vivre de leurs activités. Ou alors, mettre en place des institutions économiques stables et transparentes qui cibleront directement les populations rurales plutôt que les gouvernements centraux. Quoi qu’il en soit, les pays les plus pauvres doivent commencer par éradiquer la corruption avant d’envisager un développement à long terme.