Syrie : ambiance tendue dans les négociations

Après cinq ans de guerre sanglante opposant le régime et l’opposition, la situation en Syrie est plus que catastrophique. Pour rétablir la paix, les Nations Unies réunissent actuellement les deux parties pour des pourparlers à Genève. 

 

L’opposition rejoint Genève

Les pourparlers de paix sur la Syrie ont débuté le vendredi 29 janvier dernier à Genève. Durant cette première journée, les discussions ont débuté sans la présence de l’opposition, qui était encore en pleine réunion à Riyad, Arabie Saoudite.

En effet, l’opposition hésitait toujours quant à sa participation ou non aux discussions. D’ailleurs le jeudi soir, Salem Al-Meslet, le porte-parole de la coalition a déclaré que « l’opposition ne participera pas aux négociations parce que les conditions émises ne sont pas réunies ».

Pour cause, la partie de l’opposition, représentée par le Haut Comité de Négociation (HCN), estimait n’avoir « rien à gagner » à participer si les bombes continuaient à faire des victimes parmi les civils et si ceux-ci souffraient de faim.

Mais le vendredi soir, le HCN change d’avis et annonce sa participation aux négociations suite aux « garanties » de la part des Etats-Unis et de l’Arabie Saoudite concernant les mesures humanitaires dans tout le pays.

Ainsi, le samedi matin, la délégation menée par Asaad al Zoubi prend la route vers Genève tout en soulignant que : « le HCN va à Genève pour participer aux discussions avec l’ONU et non pas pour des négociations avec le régime de Bachar ».

Reçus par Staffan de Mistura, le médiateur des Nations Unis, les représentants de l’opposition ont réclamé « des gestes humanitaires » de la part du gouvernement, notamment pour ces milliers de personnes qui sont actuellement pris au piège et se retrouvent livrés à eux-mêmes dans les villes assiégées.

 

« Gestes » du gouvernement

Des gestes que le gouvernement syrien ne perd pas de temps à exprimer en donnant l’accès aux convois humanitaires dans les villes de Madaya (assiégée par le régime), Kefraya et Foua (assiégées par des groupes rebelles).

Aussitôt dit, aussitôt fait : les premiers convois débarquent le mardi 02 février dans la ville de Madaya où une quarantaine de personnes ont perdu la vie depuis décembre dernier à cause de la famine et du manque de soin.

En plus, Bachar Al Djaafari, le représentant du régime syrien, a déclaré lors de son entretien avec les Nations Unies « être prêt à discuter des mesures humanitaires comme la libération des prisonniers ». Une des principales conditions exigées par l’opposition.

Mais alors que les discussions semblaient être sur la bonne voie, le porte-parole du HCN a annoncé, mardi dans la matinée, l’annulation de l’entretien qui devait avoir lieu dans l’après-midi entre la coalition et l’émissaire des Nations Unies.

Par cette annulation, le HCN a protesté « l’aggravation de la situation en Syrie » dans la région d’Alep depuis ces derniers jours. En effet, le début des négociations coïncidaient au lancement de la grande opération militaire entamée par l’armée syrienne et les forces armées russes dans cette région.

En usant de « l’élément de surprise », les forces pro-gouvernementales ne sont actuellement qu’à quelques kilomètres de Nobbol et Zahra, deux villes contrôlées par des rebelles depuis quatre ans.

Cet autre « geste » de la part du gouvernement risque alors de fragiliser encore plus ces négociations auxquelles la communauté internationale a mis tant de mal pour mettre en place.

 

Réunion des donateurs pour la Syrie

En outre, une autre conférence sur la Syrie organisée par l’ONU, le Royaume-Uni, le Koweit, la Norvège et l’Allemagne, devra débuter ce jeudi 04 février 2016 à Londres. Cette conférence va réunir, pour la quatrième fois, les principaux donateurs pour la Syrie.

Ainsi, David Cameron, le premier ministre britannique attendra l’arrivée de près de 70 dirigeants et responsables internationaux pour discuter des enjeux humanitaires en Syrie et notamment sur le budget de l’aide humanitaire qui a été doublé.

A l’issu de cette réunion, les Nations Unies espèrent alors récolter un fonds humanitaire d’une valeur de neuf milliard de dollars pour venir en aide aux 13,5 millions de personnes à l’intérieur de la Syrie ainsi que de 4,7 millions de réfugiés et près de 4 millions de personnes dans les pays d’accueil.

En réponse, l’UE promet une aide humanitaire d’une valeur de deux milliards d’euros destinés aux réfugiés. Cette aide européenne vise à améliorer l’accès à l’eau potable, l’accès à la nourriture, l’installation des abris et des sanitaires et l’accès aux soins et médicaments pour les réfugiés.