Syrie : à J-1 des négociations

Après cinq ans de guerre sanglante, la Syrie a touché le fond. A J-1 de l’ouverture prévue des pourparlers qui sont supposés la faire sortir de cette guerre, quelle est la situation dans le pays ?

 

D’un côté, le régime fait sa sourde oreille

Face à une énorme pression médiatique, le régime de Bachar a finalement permis  l’accès à l’aide humanitaire dans certaines villes comme Madaya, Zabadani, Foua ou encore Kafraya depuis le début de l’année.

Néanmoins, une quinzaine de villes restent toujours assiégées et inaccessibles. Ces villes abritent près de 400.000 civils dont des enfants, des femmes et des personnes âgées. En outre, environ 4,5 millions se trouvent dans des zones inaccessibles.

Craignant le même drame que celui de la ville de Madaya, les Nations Unies et plusieurs ONG réclament la levée immédiate de tous les sièges, l’arrêt des bombardements ainsi que l’accès sans entraves de l’aide humanitaire.

Mais le régime syrien semble ignorer ces demandes et ne montre aucune volonté pour améliorer la situation. Et ce manque de volonté n’a rien de nouveau. En effet, parmi les 113 demandes (pour des convois humanitaires) envoyées par les Nations Unies en 2015, seules 10% ont été acceptées.

 

De l’autre, l’opposition se fait désirer

Et pourtant, la levée des sièges, l’arrêt des bombardements et l’accès de l’aide humanitaire figurent parmi les conditions principales émises par l’opposition syrienne pour sa participation aux pourparlers de paix qui devraient débuter ce vendredi 29 janvier à Genève.

En rappel, ces négociations auraient dû commencer le lundi 25 janvier dernier. Mais face à différents blocages que ce soit de la part du régime ou de l’opposition, elles ont été reportées.

Depuis le mardi 26 janvier, les membres du Haut Comité des Négociations (HCN), représentant de l’opposition syrienne, se réunissent à Riyad, en Arabie Saoudite pour discuter quant à sa participation ou non aux négociations.

Parmi les sujets qu’ils doivent négocier : les trois conditions citées ci-dessus et surtout la composition de la délégation de l’opposition qui a suscité beaucoup de contestations de la part du régime de Bachar et de l’opposition.

En effet, le HCN insiste à être le seul représentant de l’opposition aux négociations alors que le régime, appuyé par Moscou, demande l’ajout de quelques opposants « modérés ».

Ainsi, selon le porte-parole du HCN, l’opposition va attendre jusqu’à jeudi les réponses de Staffan de Mistura, émissaire spécial de l’ONU concernant les membres de l’opposition qui seront présents à ces négociations.

 

En attendant, le sang continue de couler

En attendant, les bombardements de l’aviation russe continuent de causer des pertes lourdes du côté des civils. Ce jeudi 28 janvier, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) rapporte la mort de 29 civils dont trois enfants et neuf femmes suite à des frappes russes dans des zones tenues par l’Etat Islamique dans la partie nord-est de la Syrie.

En outre, l’Union des organisations de secours et de soins médicaux (UOSSM) a dénoncé, mercredi dernier, les conséquences désastreuses des bombardements sur le peuple syrien et en particulier quand ceux-ci visent des hôpitaux.

Depuis le début de la guerre en 2011, 330 structures sanitaires dont 177 hôpitaux ont été détruits par les bombardements et 697 personnes appartenant au personnel médical (médecins, pharmaciens, infirmiers…) ont été tuées.

Mais malgré les 250.000 morts, 200.000 disparus et prisonniers, 7,6 millions de déplacés, 4 millions de réfugiés… les parties en conflits ne semblent pas encore décider à se concerter pour sortir le pays de cette guerre sanglante.