Madaya : une ouverture pour l’aide humanitaire

Assiégée par l’armée du régime syrien, la ville de Madaya était inaccessible. Mais sous la pression médiatique , le régime a finalement décidé de lever le siège.

 

Situation critique à Madaya

Depuis juillet 2015, les forces pro-gouvernementales ont imposé un siège dans la ville de Madaya, en Syrie, empêchant toute entrée dans le territoire. Les 42.000 habitants, étaient alors livrés à eux-mêmes car même l’aide humanitaire n’avait pas accès à cette zone.  Les prix des aliments et produits de première nécessité tels que le riz, le sucre ont grimpés allant de 10 euros à 150 euros le kilo. Pour survivre, les habitants étaient obligés de consommer des feuilles d’arbres et des herbes. La situation dans la ville de Madaya s’empirait alors de jour en jour, le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a même affirmé que les habitants de Madaya « se trouvent au bord de la famine ». Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), « au moins dix personnes » ont perdu la vie à cause de la faim et le manque de soins dans cette ville. Et pourtant, un accord a été signé en mois de septembre 2015, dans lequel le régime promettait de permettre l’accès sans entrave à l’aide humanitaire et l’évacuation des civils et des blessés.

 

Bachar lève le siège

Le dernier ravitaillement dans la ville de Madaya datait du 17 octobre 2015, durant lequel 3.900 rations alimentaires ont été distribuées équivaut à un mois de nourritures pour 19.000 personnes. Depuis, aucune organisation humanitaire n’a pu franchir cette zone, la privation de nourriture est utilisée comme « tactique de guerre ». Face aux appels lancés par les organisations humanitaires, les miliciens du Hezbollah (alliés du régime syrien) continuaient à affirmer que personne ne souffrait  de famine dans cette ville. Ils accusent d’ailleurs les rebelles d’utiliser ce prétexte pour alimenter leur « propagande ». Mais sous la pression médiatique, le régime de Bachar fini par céder. C’est dans la journée du jeudi 07 janvier que l’ONU annonce l’autorisation, accordée par le gouvernement syrien, pour l’acheminement de l’aide humanitaire à Madaya et dans deux autres villes dans la province d’Idlib dont Kefraya et Al Foah. Par contre, tous les convois doivent partir de Damas et ne peuvent traverser que les zones contrôlées par le régime.

 

Plusieurs zones difficiles d’accès

Bien que cette autorisation puisse donner une lueur d’espoir aux aides humanitaires et au peuple syrien, l’ONU rappelle que 13,5 millions de syriens ont un grand besoin d’aide humanitaire. Or, 4,5 millions d’entre eux se trouvent dans des zones difficiles d’accès ou des zones assiégées empêchant tout ravitaillement. Depuis le début de la guerre civile, près de 6,5 millions de syriens ont dû quitter leur pays pour trouver refuge auprès des pays voisins notamment la Turquie, le Liban ou encore la Jordanie. Le conflit qui continue de ravager le pays accroît les besoins humanitaires de la population. Selon l’OCHA, 72% de la population sont privés d’eau potable et deux millions d’enfants n’ont pas accès à l’éducation. Pour 2016, l’ONU estime une aide humanitaire d’une valeur de 3,2 milliards de dollars pour la Syrie.