Urgence humanitaire des réfugiés au Cameroun

A cause de la violence de Boko Haram, Cameroun est devenu le principal pays d’accueil de plusieurs milliers de réfugiés. Mais cette situation représente un énorme défi pour ce pays qui a déjà beaucoup de mal à nourrir son peuple et menacé lui-aussi par ce groupe terroriste.

 

Cameroun : Un pays de réfugiés

Cameroun est signataire des traités de réfugiés. Ainsi, il ouvre ses frontières pour tous les demandeurs d’asile qui fuient des guerres, des conflits dans leur pays.

Actuellement, le pays abrite actuellement plus de 350.000 réfugiés de différentes nationalités  dont la majorité sont des nigérians et des centrafricains.

Depuis sa création en 2009, le groupe Boko Haram sème la terreur dans tout le Nigéria. La population est alors forcée de quitter leurs foyers pour trouver refuge auprès du pays voisin : le Cameroun. Ainsi, plus de 70.000 nigérians ont trouvé refuge dans le nord du Cameroun selon les données du HCR.

Et depuis l’accroissement des violences dans la République centrafricaine à cause des groupes armés Séleka et des antibalaka, une grande partie de la population centrafricaine ont décidé de fuir le pays. Ainsi, au mai 2015, ils étaient 224.958 à être sur le territoire camerounais, principalement dans la partie Est du pays, dans l’Adamaoua.

En tout, le pays possède huit camps de réfugiés : dans l’Extrême-Nord : Minawao, dans l’Adamaoua : Gam et Borgof, dans la région de l’Est : Gado-Badzez, Timangolo, Mbile, Ngari-Singo et Lolo.

 

Cameroun : un pays en danger

L’arrivée massive des réfugiés dans l’Extrême-Nord du Cameroun entraine de graves conséquences pour le pays, notamment sur le plan sécuritaire des camerounais habitant cette partie.

En effet, selon Issa Tchiroma, le ministre camerounais de la communication, le groupe terroriste aurait lancé 315 attaques dans cette région depuis 2015. Bilan : un millier de personnes ont été tuées dont 1.098 civils, 67 militaires et trois policiers et près de 124.000 camerounais ont décidé de fuir leurs maisons.

Des attaques qui semblent sans fin car un double attentat-suicide a de nouveau frappé cette partie nord près de la frontière nigériane le jeudi 28 janvier vers 11 heures du matin. Cette fois ci, une école a en était la cible. Bilan : six morts dont les deux kamikazes et 19 blessés.

En outre, cette augmentation de la population impacte dangereusement sur la sécurité alimentaire. Actuellement, près de 2,4 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire dans le pays dont les 55% se trouvent dans l’Extrême-Nord.

 

Cameroun : un besoin humanitaire croissant

Face à cette menace croissante et au poids économique que représentent les réfugiés, le gouvernement camerounais a décidé de prendre certaines mesures.

D’abord, il a lancé l’opération de vérification et enrôlement biométrique des réfugiés qui a commencé depuis le lundi 18 janvier et qui devrait se terminer le 3 février 2016. En tout, près de 4.000 réfugiés  étant déjà enregistrés auprès de la base de données du HCR seront concernés par cette opération.

De plus, le gouvernement a décidé de continuer ses rapatriements de force des réfugiés qui ne sont pas enregistrés auprès du HCR dans le camp de Minawao. Depuis août dernier, plus de 20.000 réfugiés ont donc été ainsi renvoyés par le Cameroun.

En outre, le gouvernement, les Nations Unies et des partenaires humanitaires se sont réunis le lundi 25 janvier pour trouver des solutions efficaces face à cette crise humanitaire à laquelle le pays doit faire face.

A l’issu de cette réunion, un plan de réponse humanitaire d’une valeur de 282 millions de dollars a été présenté par le bureau camerounais des Nations Unies afin de permettre une assistance auprès des 1,1 million de personnes pour cette année 2016.

De plus, un plan d’intervention régionale vise une aide humanitaire d’une valeur de 346 millions de dollar pour 476.000 réfugiés centrafricains et les communautés hôtes que ce soit en Cameroun, au Tchad ou encore en République de Congo (près de 289.000 personnes en tout).

Et, une aide d’une valeur de 200 millions de dollars sera octroyée aux 230.000 réfugiés nigérians ainsi qu’aux communautés hôtes au Cameroun, au Tchad ou encore Nigéria, représentant en tout 285.000 bénéficiaires.