Yémen : le peuple a plus que faim

Après 19 mois de guerre civile, le Yémen sombre davantage vers le chaos. Outre les bombardements, la famine vient alourdir le drame des yéménites, principalement celui des enfants.

 

Saïda, symbole de la crise en Yémen

Le 27 octobre dernier, The Times, un quotidien britannique, mettait à sa une la photo d’une jeune femme au visage émacié et au corps décharné. Il s’agit de Saïda Ahmad Baghili, une yéménite de 18 ans souffrant de malnutrition sévère. Et tout comme celle du petit Aylan qui a sensibilisé l’Europe sur le sort des réfugiés syriens, cette photo de Saïda a alerté le grand public sur la crise humanitaire oubliée en Yémen.

Certes, la jeune femme est malade depuis cinq ans mais son état s’est dégradé à cause de la guerre. Il est à noter que Saïda est originaire de Shajn, un petit village situé à une centaine de kilomètres d’Al Hudaydah, dans l’Ouest du Yémen. Pour les habitants d’un petit village comme celui-ci, il est particulièrement difficile de rejoindre les grandes villes à cause des bombardements. Or, seules les grandes villes disposent encore de denrées alimentaires et de médicaments.

Par ailleurs, l’accès aux soins est particulièrement difficile car les bombardements ont aussi touché des structures médicales. En ces deux ans de guerre, 120 hôpitaux ou centres de soins ont été en partie ou totalement détruits. Parmi eux, un hôpital soutenu par Médecins sans Frontières (MSF) situé dans le district de Haydan de la province de Saada, dans le nord du pays. Le 26 octobre dernier, il a été la cible de raids aériens privant ainsi l’accès aux soins à 200.000 personnes.

 

Une urgence humanitaire

La situation est donc plus que catastrophique en Yémen. Selon le Programme Alimentaire mondiale (PAM), 19,5 millions d’yéménites sont aujourd’hui privés d’eau potable et 14,1 million peinent à se nourrir.   Parmi les plus vulnérables, trois millions d’enfants de moins de 5 ans sont malnutris dont 370.000 sont atteints d’une malnutrition dite « aiguë sévère ».

Par rapport à l’année dernière, l’agence onusienne pour l’alimentation et l’agriculture note une augmentation de 15%. Une hausse qui s’explique par la persistance du conflit et des mesures radicales prises par les parties en conflit. Parmi ces mesures, le transfert de la Banque centrale de Sanaa vers Aden (capitale provisoire) tenue par le régime du président Abd Rabbo Mansour Hadi est la plus grave. En effet, plusieurs milliers d’yéménites ne peuvent plus toucher leur argent ou leur salaire à cause de ce changement. En tout, ce sont « sept à huit millions » de personnes qui en sont affectées.

Face à cette situation critique, Torben Due  directeur du PAM estime qu’il faut « intensifier l’aide vitale pour atteindre plus de personnes avec une assistance alimentaire en temps opportun et un traitement préventif ». Afin d’assurer une aide alimentaire jusqu’à mars prochain, le PAM aura d’ailleurs besoin de 257 millions de dollars. Pour réunir ce fond, l’aide de la communauté internationale est requise souligne-t-il.