Yémen : entre conflit et catastrophes naturelles

La guerre persiste au Yémen et le pays est plus que jamais face à une grave crise humanitaire. Actuellement, c’est surtout l’insécurité alimentaire et la famine qui menacent les plus la population. 

Les conflits et les catastrophes naturelles ont plongé le Yémen dans la famine

La moitié de la population yéménite souffre d’insécurité alimentaire, plus de 14 millions de personnes attendent une aide alimentaire d’urgence. L’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) qualifient cette crise de l’une des pires au monde. La situation qui était déjà grave avant la guerre a empiré depuis que l’Arabie Saoudite a imposé le double blocus aérien et maritime. « L’insécurité alimentaire touche la plupart des provinces au Yémen. La situation est très critique, le pays est au bord de la famine. La situation ne fait que se dégrader depuis l’année dernière (…)  en juillet 2015, un de nos rapports parlait déjà de ces difficultés. Et cette année nous constatons que le nombre des personnes touchées par cette crise, a augmenté », souligne Rym Nada, porte-parole du PAM au Moyen-Orient.

« La guerre et les combats ont affecté l’agriculture et la pêche. De plus, le Yémen a subi l’année dernière une tempête et des inondations. Tous ces problèmes qui se sont accumulés ont engendré cette situation d’insécurité alimentaire » poursuit Rym Nada. De plus, près de 3 millions d’enfants de moins de cinq ans et de nombreuses femmes enceintes ou allaitantes sont affectés par la malnutrition. La plupart des gouvernorats affichent des taux élevés de malnutrition aigüe, 25,1 % dans la province de Taiz et 21,7 % dans celle d’Al Hodeidah.

 

Les causes de la famine

Le Yémen importe près de 90 % de ses aliments de base, les denrées alimentaires de base sont donc devenues un rare privilège depuis les pénuries de carburant et les restrictions à l’importation. Le niveau d’importation était au plus faible en mars 2016, le carburant n’a pu couvrir que 12 % des besoins du pays. En même temps, la résilience des habitants a été affaiblie par les pénuries d’engrais et de semences, les deux cyclones et les invasions de criquets pèlerins.

La FAO a pu appuyer les gouvernorats face à ces conditions naturelles, mais les conflits qui empêchent les agriculteurs et pêcheurs de produire restent de vrai problème. « Nous avons réussi à soutenir les gouvernorats les plus affectés dans ces conditions difficiles, mais les conflits en cours, les déplacements de population et l’accès limité aux terres agricoles et aux zones de pêche causent de lourdes pertes au secteur agricole et menacent les moyens d’existence des agriculteurs », souligne Salah El Hajj Hassan, Responsable de la FAO au Yémen.

Cette situation au Yémen nécessite urgemment une aide agricole et alimentaire. « Du mois de janvier au 30 avril 2016, près de 3,6 millions de personnes ont bénéficié d’une aide alimentaire d’urgence mais l’intervention dans son ensemble manque cruellement de financements. J’appelle de manière urgente les donateurs à augmenter le financement humanitaire afin que des millions d’autres personnes en situation de besoin urgent puissent également bénéficier d’une aide alimentaire » a déclaré Purnima Kashyap, Représentante et Directrice du PAM au Yémen. Le conflit qui oppose les forces gouvernementales et les rebelles chiites aurait déjà tué 6 400 personnes et en blesser 30.000 depuis mars 2015.