Migrants : après Calais, Paris se prépare à une évacuation record ?

L’accueil des réfugiés continue de préoccuper l’hexagone notamment  la question de l’hébergement. Et si la situation s’améliore du côté de la « jungle » de Calais, l’Etat peine à trouver des solutions pour le camp de Stalingrad à Paris.

 

A Calais, les mineurs isolés sont mis à l’abri

Après la grande évacuation, les autorités se sont penchées sur le cas des mineurs isolés de la « jungle » de Calais. Depuis le 24 octobre dernier, ils ont été regroupés et hébergés dans les conteneurs blancs du centre d’accueil provisoire ou CAP. De là, ils attendaient le résultat d’examen effectué par Home Office sur leur demande de transfert vers la Grande-Bretagne. Mais la sélection se fait au compte-goutte et le transfert prend énormément du temps. En effet, seuls 308 parmi les demandes ont obtenu une validation jusqu’à ce jour.

Or, le centre est loin d’être sécurisé et les enfants peuvent devenir, à tout moment, la proie des passeurs. Pour éviter ce genre de situation, la préfecture de Pas-de-Calais a annoncé l’évacuation de tous les mineurs. Des tracts ont ainsi été distribués dans la « jungle » vers le début de semaine indiquant : « plus aucune demande de transfert vers le Royaume-Uni ne sera traitée à Calais mais se feront à partir des centres pour mineurs ». En même temps, des maraudes ont été menées par les autorités accompagnées par des britanniques pour expliquer l’importance de ce transfert.

L’évacuation n’a finalement eu lieu que le mercredi 2 novembre. Dès 8h, les migrants remplissaient les 38 bus qui devaient les transporter vers l’un des 60 centres d’accueil et d’orientation pour mineurs (Caomi) répartis à travers la France. En fin de journée, 1.616 jeunes non accompagnés ont alors été mis à l’abri. Un bilan qui satisfaisant pour Fabienne Buccio, la préfète de Pas-de-Calais, qui a d’ailleurs souligné le « calme » remarquable durant l’opération. Malheureusement, à peine arrivée dans ces Caomi, certains de ces jeunes ont déjà repris la route vers Calais pour rejoindre l’Angleterre à tout prix.

 

A Paris, Stalingrad est au bord de l’implosion

Pendant ce temps, l’ambiance est particulièrement tendue à Paris. Et pour cause, le nombre de migrants aux abords du métro de Stalingrad n’a cessé d’augmenter au cours de ces derniers jours. Actuellement, ce secteur du 19ème arrondissement est devenu l’abri d’environ 2.000 à 3.000 migrants. Une situation qui inquiète particulièrement les autorités craignant la formation d’une nouvelle « jungle ». Ainsi, une opération de « nettoyage » a été menée le lundi 31 octobre. De beau matin, la police a entamé un contrôle strict des occupants et a rasé une grande partie du campement. Mais les migrants ne sont pas partis bien loin et sont revenus aussitôt que les policiers sont partis.

L’opération n’a donc pas eu l’effet escompté : « dissuader les migrants de rester ». Et pire encore, elle a attisé la colère de quelques centaines de citoyens qui voient en cet acte « une violation de leurs droits ». Ainsi, ils ont organisé une manifestation pacifique en faveur des migrants dans la nuit du mercredi 2 novembre. Dès 18h, ils occupaient le terre-plein de l’avenue de Flandre pour un rassemblement pacifique. Rapidement, un groupe d’afghans a rejoint les manifestants brandissant des pancartes scandant « No police, no police » et « We want a home ».

Mais dans cette foulée, les migrants semblent ignorer l’ouverture prochaine du camp humanitaire parisien. Promis par Anne Hidalgo, la maire de la ville, ce centre de transit avait comme principal but d’éliminer les camps de fortune sur Paris. Malheureusement, sa capacité d’accueil est limitée entre 400 à 600 migrants. La ville et l’Etat doivent donc trouver d’autres solutions d’hébergement pour ces plusieurs milliers d’exilés dans les rues de la capitale.