La guerre d’Yémen, le calvaire de ses civils

La coalition arabe vient d’être pointée du doigt par une enquête menée par le quotidien d’information britannique  « The Guardian » en partenariat avec Yémen Data Project sur la guerre en Yémen. Selon leur compte rendu, le tiers des bombardements dont cette coalition est le responsable ont visé des cibles civiles.

La coalition arabe au banc des accusés

Soutenue par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, la coalition arabe comprenant le pays du Golfe, la Jordanie, le Maroc et l’Egypte a fait l’objet de plusieurs accusations de violence contre les civils dans la guerre d’Yémen. Les insinuations ont été reniées à chaque fois par la coalition par le biais de diverses explications. Cette fois-ci, le ministre des affaires étrangères saoudien a déclaré que les chiffres sont « largement exagérés » car les rebelles ont, selon ses explications, « transformé des hôpitaux et mosquées en centre de commandement et en dépôts d’armes. Ce ne sont plus des cibles civiles. Ce sont des cibles militaires. Il s’agissait peut-être d’écoles il y a un an, mais il ne s’agissait plus d’écoles lorsqu’elles ont été bombardées ». Mais les chiffres relativement exacts rapportés par « The Guardian » en partenariat avec Yémen Data project viennent remettre en question cette rétractation.

Les civils ne sont pas épargnés

Effectivement, les statistiques couvrant l’intervalle de mars 2015 jusqu’en aout 2016 dévoilent que 3577 parmi les quelque 8600 bombardements menés par la coalition saoudienne ont frappé des lieux militaires et 3158 sites « non militaires ». Pour les 1865 autres, les cibles exactes n’ont pas encore été spécifiées. Plusieurs frappes aériennes ont également touché des infrastructures collectives : 942 ont visé des zones résidentielles, 114 des marchés, 34 des mosquées, 147 des infrastructures scolaires et 26 des universités. Certaines constructions publiques ont été touchées à plusieurs reprises dont une école à Dhubab (attaquée 9 fois) et une marché à Sirwah (24 fois). Même les organisations humanitaires telles que Médecins sans frontières sont devenues victimes de ces bombardements, un de leurs hôpitaux dans la ville de Sanaa a été « pulvérisé » par un raid aérien de la coalition arabe.

Les Yéménites touchent le fond

Les conflits au Yémen n’ont jamais cessé de s’accentuer, les droits de l’homme y sont violés. Les bilans humains, économiques et sociaux sont de plus en plus affreux. Les Nations-Unies ont recensé 10000 morts depuis le début de la guerre il y a 17 mois, 3800 d’entre eux sont des civils.  Vu le manque colossal d’infrastructures médicales accentué par le départ des Médecins sans frontières en août et celui des  Médecins du Monde en début septembre, ce bilan ne tardera probablement pas à s’alourdir. En outre, 2,8 millions de Yéménites ont été contraints de se déplacer  et 200000 autres arrachés de force à leurs racines pour partir à l’exil. La moitié de la population, soit 14 millions de personnes, se trouvent actuellement dans le besoin d’une aide humanitaire. 7 millions de Yéménites sont touchés par l’insécurité alimentaire.