Quand l’Afrique devient une décharge à ciel ouvert

Les lacunes dans la manière de gérer les ordures en Afrique et le manque colossal d’éducation citoyenne se reflètent aujourd’hui par les montagnes d’ordures qui « décorent » la quasi-totalité des capitales africaines.

Les décharges sauvages se répandent

Bien que peu considérée, la pollution figure en haut de la liste des problèmes urgents que les gouvernements africains doivent prendre en considération. Selon le classement Forbes en 2015, 16 parmi les 25 villes les plus sales du monde se trouvent en Afrique. Des tonnes de détritus s’accumulent effectivement dans la plupart des capitales africaines telles que Conakry (Guinée), Luanda (Angola), Antananarivo (Madagascar), Johannesburg (Afrique du Sud)… Ces villes ne connaissent ni poubelle publique ni ramassage des déchets encore moins un quelconque système de tri d’ordures ou de recyclage.

Contenant souvent un « tout-mêlé » de déchets chimiques, électroniques, organiques et plastiques, les décharges à ciel ouvert peuvent se révéler toxiques et dangereuses. La mésaventure survenue le 8 septembre 2016  près de Cotonou-Benin illustre parfaitement ce fait : une explosion dans une  décharge d’enfouissement de produits avariés causant la mort d’une vingtaine de personnes et la blessure d’une dizaine d’autres. Cet événement n’est que la partie visible de l’iceberg car des pathologies graves telles que  l’AVC, la maladie d’Alzheimer, le choléra menacent l’Afrique suite à la pollution. 7 millions de personnes dans le monde sont morts chaque année à cause d’elle.

Les autorités sont désarmées

L’accroissement continu des populations dans les villes africaines comme l’absence d’éducation citoyenne jouent évidement un rôle dans cet entassement de déchets. Se débarrasser des ordures partout (sur les trottoirs, dans les bouches d’égout, les fossés etc…) est devenu, en effet, une manie des habitants urbains en Afrique. Mais cela n’est pas le cœur réel du problème mais plutôt le laxisme de la gestion des déchets ainsi que l’indifférence des autorités face à la pollution. Rares sont les pays où il existe un système de taxe permettant de mettre en place des projets antipollution durable et les lois concernant la pollution sont souvent très indulgentes sinon jamais exécutées.

On enregistre cependant des initiatives honorables dans quelques pays en matière de lutte contre ce phénomène d’accumulation des détritus particulièrement contre les déchets plastiques. Le Sénégal, le Gabon, le Togo, le Burkina Faso, le Mali, la Côte d’Ivoire, Madagascar ont déjà interdit l’emploi, la vente ou l’importation du plastique. Le Cameroun, lui, a promu le recyclage de ceux-ci depuis 2015. Une ONG nommée « Cœur d’Afrique » y a lancé un projet ambitieux visant à former les jeunes à trier  les déchets et les transformer ensuite en pavés écologiques moins chers mais de meilleure qualité. Le Rwanda, quant à lui, a mis en place pas moins de 60 compagnies chargées de collecter et transporter les déchets dans la capitale Kigali. A l’aéroport de Kigali, les arrivants sont priés d’échanger leurs sacs en plastiques contre des sacs en papiers distribués par des responsables.