Accueil des déplacés : les pays pauvres relèvent le défi malgré eux

Si les réfugiés sont source de tension dans les pays européens, ils représentent un défi majeur pour plusieurs pays pauvres. Selon un rapport publié par la Banque Mondiale, le jeudi 15 septembre dernier, ces derniers accueillent les 95% des 65 millions de déplacés et réfugiés à travers le monde.

 

La plus importante crise migratoire depuis la Seconde Guerre Mondiale

Au cours de ces vingt-cinq dernières années, les conflits n’ont cessé de se multiplier notamment en Afrique et au Moyen-Orient. Principales causes : des rivalités ethniques et religieuses qui ont mené à une instabilité politique et aux guerres civiles. Actuellement, pas moins de dix pays sont minés par un conflit plus ou moins grave dont la Syrie, l’Afghanistan, l’Irak, le Burundi, la Somalie, le Soudan du Sud, la République démocratique du Congo, le Yémen, le Nigeria, le Tchad…

Chacun à leur tour, ces pays ont sombré dans une catastrophique crise humanitaire. Aujourd’hui, plus de 4,5 millions de nigérians sont menacés par la famine. En Syrie, plus de 1,5 million de personnes manquent de tout puisqu’elles sont bloquées dans les villes assiégées. Et au Yémen, 10.000 enfants sont menacés par la malnutrition.  Ce n’est donc pas étonnant de voir ces pays parmi les principaux pays d’origine des réfugiés.

En 2015, le Haut-Commissariat des Nations Unies a comptabilisé plus de 65 millions de réfugiés et de déplacés à travers le monde. Parmi eux, 21 millions sont des réfugiés ou demandeurs d’asile et 41 millions sont des déplacés internes. Des chiffres alarmants qui risquent de s’aggraver davantage pour cette année. En effet, rien qu’en Soudan du Sud, le nombre de personnes ayant quitté le pays vient de dépasser le seuil d’un million. A ces chiffres s’ajoutent environ 6,1 de sud-soudanais qui ont quitté leur emplacement pour se réfugier dans une autre zone du pays.

 

L’accueil des déplacés et réfugiés, le défi des pays pauvres

Mais au milieu de ce drame, celui des pays d’accueil est loin d’être minime. En effet, accueillir des réfugiés n’est pas chose facile surtout si le pays en question peine déjà à avancer. Or, selon le dernier rapport de la Banque Mondiale, près de 95% des réfugiés ont trouvé refuge dans des pays en voie de développement de l’Afrique et du Moyen-Orient. En tête du classement des premiers pays d’accueil, la Turquie, le Liban et la Jordanie (voisins de la Syrie) abritent près de 27% des réfugiés. De leurs côtés, l’Iran et le Pakistan (voisins de l’Afghanistan) ont reçu 16% des réfugiés. Et, l’Ethiopie et le Kenya (voisins de la Somalie et du Soudan du Sud) en ont accueilli près de 7%. Malheureusement, « la présence de ces personnes démunies affecte les perspectives de développement des communautés qui les accueillent » a souligné Xavier Devictor, l’auteur du rapport.

Si les choses n’évoluent pas rapidement, ces pays d’accueil risquent de sombrer à leur tour dans une importante crise. D’ailleurs, certains d’entre eux commencent déjà à manifester leur ras-le-bol de cette situation. Ainsi, le Kenya menace la fermeture du camp de Dadaab avec 350.000 réfugiés à son actif depuis son ouverture en 1991. De son côté, l’Ouganda réclame le rapatriement des 10% de burundais qui ont trouvé refuge sur son territoire dans les meilleurs délais. Seul issu : la révision des politiques d’aide qui devraient miser davantage sur le développement des compétences des réfugiés et des déplacés pour qu’ils puissent travailler avance le rapport.