Soudan du Sud : la guerre a fait des morts, des réfugiés et des riches

Le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) a publié le vendredi 16 septembre un bilan faisant état de plus d’un million de Soudanais du Sud ayant fui leur pays à cause de la guerre. Quatre jours plus tôt, un rapport de The Sentry présenté à Washington a révélé que la guerre civile au Soudan du Sud profite aux potentats. Pendant ce temps, l’envoi des 4 000 Casques bleus reste incertain.

 

Un million de personnes ont fui le Soudan du Sud

Le Soudan du Sud a déjà été ravagé avant d’obtenir son indépendance en 2011, mais le cauchemar revient en 2013. Les conflits ont tué des dizaines de milliers de personnes, le pays est plongé dans une grave insécurité alimentaire, une épidémie de choléra s’est déclarée et certains habitants ont dû quitter leur domicile ou même leur pays. De nouveaux affrontements entre forces gouvernementales et les rebelles fidèles au vice-président Riek Machar ont eu lieu à Juba en mois de juillet.

Le HCR a révélé vendredi que plus d’un million de personnes ont fui le Soudan du Sud à cause de ces conflits. « Le nombre de réfugiés du Soudan du Sud dans les pays voisins a dépassé cette semaine le seuil d’un million, y compris les 185 000 personnes qui ont fui le pays depuis l’éclatement de nouvelles violences à Juba le 8 juillet », a révélé un porte-parole du HCR à Genève. Le Soudan du Sud s’inscrit désormais dans la liste des pays ayant dépassé le seuil d’un million avec la Syrie, l’Afghanistan et la Somalie. Environ 1,6 million de personnes ont également quitté leur domicile pour s’abriter dans d’autres régions du pays.

La guerre profite aux politiciens et militaires haut-gradés

C’est en tout cas ce que révèle le bureau d’investigation, The Sentry, ayant à sa tête l’acteur américain George Clooney et le défenseur des droits de l’homme John Prendergast. Enquêtant sur le financement des conflits en Afrique, The Sentry a collecté des preuves accablantes sur l’accumulation de richesses par les deux parties protagonistes au Soudan du Sud. « Les dirigeants politiques, en fin de compte responsables des atrocités au Soudan du Sud, ont en même temps réussi à accumuler des fortunes, en dépit de leurs modestes salaires de membres du gouvernement », dénonce le rapport. Les élites sud-soudanaises se permettent de ravager le pays puisque leurs familles « vivent souvent à l’étranger dans des villas de luxe de plusieurs millions de dollars, passent leurs vacances dans des hôtels cinq-étoiles, et récoltent les bénéfices de ce qui semble être un système de népotisme et de contrats douteux ».

La publication de ce rapport a bien sûr été couverte par de nombreux médias et a fait notamment la Une du Nation Mirror, principal journal anglophone du Soudan du Sud. Cela a causé la fermeture du quotidien selon son rédacteur en chef Simon Aurelious. « Nous avons été convoqués par les services de la Sécurité nationale, et (…) ils nous ont donné un document officiel nous ordonnant de fermer » a-t-il déclaré à l’AFP. Le contenu de ce rapport est de la « foutaise absolue » selon le gouvernement du Soudan du Sud.

Malgré l’enclenchement de la procédure pour l’envoi des Casques bleus supplémentaires au Soudan du Sud, ce projet reste aujourd’hui incertain. Les Etats-Unis ont alors menacé les autorités sud-soudanaises d’un embargo sur les armes si ces dernières ne tenaient pas leur engagement. Toutefois, « les dirigeants du Soudan du Sud ne prennent plus au sérieux les menaces des Nations unies, des États-Unis et d’autres pays de punir leurs actes » constate les fondateurs de The Sentry.