Soudan du Sud : un issu incertain

Un nouveau rapport de l’Organisation des Nations Unies (ONU), publié jeudi, vient enfoncer le clou sur la situation au Soudan du Sud. Ce document accable le haut commandement de l’armée et le président Salva Kiir puisque les affrontements à Juba en juillet seraient une attaque coordonnée et non un acte opportuniste. Pour empirer les choses, la visite d’une délégation du Conseil de sécurité pour discuter des suites de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a valu des menaces et harcèlements à des membres de la société civile.

 

Juba, une attaque coordonnée

En juillet, des affrontements ont éclaté à Juba, capitale du Soudan du Sud, entre les forces gouvernementales et les ex rebelles du vice-président Riek Machar. Au moins 300 personnes sont mortes et 60 000 autres ont dû fuir le pays. Durant et après les combats, des actes de violence ont été perpétrés par des hommes armés. Selon l’ONU, des soldats loyalistes seraient responsables de plus de 300 cas de viols sur des femmes et filles fuyant Juba. Le 11 juillet, des dizaines de soldats ont attaqué une résidence proche d’une base de l’ONU, ils y ont violé des employées étrangères et tué un journaliste sud-soudanais.

Face à l’ampleur des violences, les experts des Nations Unies estiment que « cette attaque a été bien coordonnée et ne peut pas être considérée comme un acte de violence et de vol opportuniste ». Effectivement, des hélicoptères MI-24 et des unités blindées ont été mobilisés cette reprise des hostilités. Or, seuls le président Salva Kiir et le chef d’état-major Paul Malong « avaient l’autorité pour déployer des MI-24 ».

La visite de l’ONU n’arrange rien

Malgré l’inefficacité des Casques bleus de la MINUSS face aux exactions, les Nations Unies ont décidé de déployer 4 000 soldats de plus. Après quelques tâtonnements, le Soudan du Sud a finalement approuvé cette décision début septembre sous la menace d’un embargo sur les armes. Pour concrétiser le renouvellement du mandat de la MINUSS, le Conseil de sécurité a envoyé le week-end dernier une délégation au Soudan du Sud pour rencontrer les concernés, notamment le président Kiir, des hauts responsables du gouvernement de transition et les populations déplacées.

Toutefois, des membres de la société civile qui ont rencontré la délégation de l’ONU auraient été menacés après cette visite, selon la MINUSS. « Les agissements qui ont été signalés violent les droits à la liberté d’expression, de mouvement et d’engagement civil et politique, qui sont les piliers fondamentaux d’une société démocratique », a déclaré la MINUSS dans un communiqué de presse, « toute tentative de réprimer ces droits par le biais de menaces et de harcèlements doit être condamnée sans équivoque ».

La tension n’a toujours pas baissé dans le plus jeune Etat du monde. Au contraire, le dernier rapport de l’ONU révèle que l’armée s’est procuré des matériels de guerre, « deux chasseurs à réaction et des camions de munitions d’armes légères ». A côté de ça, la population souffre de l’inflation qui a atteint un taux annuel de 66,1 % au mois de juillet, selon le bureau de la statistique du Soudan du Sud.