Pillage d’aide alimentaire au Soudan du Sud

Alors que les affrontements de la semaine dernière à Juba ont aggravé la situation humanitaire au Soudan du Sud, 4 500 tonnes d’aide alimentaire ont été dérobées dans le hangar du Programme alimentaire mondial (PAM).

 

Un mois sans nourriture

Plus de 300 personnes ont péri à Juba lors des violents combats opposant les forces gouvernementales aux anciens rebelles, alliés du vice-président. Le hangar du PAM a été dérobé par les combattants, en grande partie à l’aide de camions. Si le cessez-le-feu a été respecté, les civils ont continué le pillage de l’agence onusienne, à l’aide de voitures, motos, brouettes ou simplement sur leur tête. « Une fois que les soldats étaient partis, les civils sont venus voir ce qu’ils pouvaient prendre »  raconte James Keri, habitant Gudele, un district voisin.

La directrice du PAM, Ertharin Cousin, a déjà déclaré son indignation à propos de ces actes : « ce nouveau conflit aggrave encore la situation pour les civils affamés et désespérés par deux ans de guerre, d’autant que le désastre humanitaire dans les autres régions du Soudan du Sud ne s’est pas arrangé ». Cette nourriture devait être distribuée « aux plus pauvres et aux plus vulnérables ». Sur 11 millions d’habitants au Soudan du Sud, environ 5 millions dépendent aujourd’hui de l’aide alimentaire. Par ailleurs, Médecins sans frontières a recensé plus de 100 000 enfants souffrant de malnutrition sévère, soit 40 % de plus que l’année dernière.

Les civils se lassent des combats

Les deux belligérants de cette guerre ont appelé leur troupe à respecter le cessez-le-feu mardi dernier. Le vice-président, Riek Machar, avait informé ses troupes de « respecter le cessez-le-feu et rester où elles se trouvent ». Quant au président, il a appelé son rival au dialogue : « je veux que le docteur Riek Machar soit à mes côtés, afin que nous puissions tracer la route à suivre ». Le calme s’est donc installé pendant plusieurs jours.

Toutefois, la population craignent la reprise des hostilités, les cessez-le-feu ont toujours été fragiles dans le plus jeune pays d’Afrique. « C’est le troisième ou le quatrième, ou le cinquième cessez-le-feu. Nous, les civils, on ne sait pas. Est-ce vraiment un cessez-le-feu ? Pourquoi nos leaders ne veulent-ils pas s’asseoir et régler ce problème ? Nous ne voulons plus de combats », disait une prière à la cathédrale de Juba. Pour Jurg Eglin, chef de mission pour le Comité internationale de la Croix-Rouge (CICR), « c’est un peu l’incertitude qui affecte surtout la population. Les gens ont peur, les gens sont traumatisés ».

La situation au Soudan du Sud a été l’objet des préoccupations durant le sommet de l’Union africaine (UA) à Kigali. Le déploiement d’une « force régionale de protection » a été évoqué dans un plan de paix de paix. Il inclut le renforcement du mandat et des effectifs de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (Minuss) mais aussi la fusion des deux armées qui s’affrontent à Juba.