Humanitaire : le Soudan et le Soudan du Sud sont au plus mal.

952 millions de dollars sont nécessaires pour fournir une aide humanitaire au Soudan, selon l’Organisation des Nations Unies (ONU). Cette dernière a lancé mardi un appel mondial pour récolter cette somme. Des Sud-Soudanais figurent parmi ceux qui attendent cette aide, alors que les violences ont repris dans leur pays le week-end dernier.

 

Un appel mondial de l’ONU

L’essentiel de cette somme demandée par les Nations unies est destiné à répondre aux besoins de la population à Darfour où environ 4,6 millions de personnes attendent du secours. Si les 581 millions seraient destinés aux déplacés internes, 225 millions seraient donnés aux réfugiés et 146 millions aux habitants pauvres. « Femmes, hommes, réfugiés et déplacés internes veulent que nous fassions notre maximum pour leur apporter de l’aide », raconte Naeema Al-Gasser, coordinatrice de la mission humanitaire de l’ONU au Soudan.

Toutefois, les responsables n’attendent pas beaucoup de cet appel. « Ces trois ou quatre dernières années, nous avons reçu entre 52 % et 55 % des fonds demandés », souligne Ahmed Adam, membre de la commission soudanaise de l’aide humanitaire. Cela reste juste, considérant les autres conflits en Syrie, Irak, Yémen, Afghanistan et Somalie qui constituent des pressions supplémentaires pour les donneurs internationaux. « L’intérêt que suscite la situation au Soudan chez les donneurs internationaux reste juste. (…) La plupart des donateurs internationaux ont confirmé qu’ils restaient fidèles à leur soutien pour le Soudan », selon Jean Verheyden, membre du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Les violences opposant des rebelles issus de minorités ethniques qui se considéraient marginalisées et le régime du président Omar Al-Béchir a débuté en 2003 dans le sud-ouest du pays. Ce conflit a fait plus de 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés, d’après les estimations de l’ONU. La situation humanitaire s’est aussi dégradée à cause des violences et de la famine au Soudan du Sud qui ont fait fuir la population au Soudan.

 

La situation ne s’améliore pas au Soudan du Sud

Des affrontements meurtriers entre forces loyalistes et ex-rebelles se sont déroulés à Juba de vendredi à lundi, plus de 36.000 personnes ont été déplacés. Trois quarts de la population du Soudan du Sud ont besoin alors d’aide humanitaire, d’après la directrice du Programme alimentaire mondial (PAM), Ertharin Cousin. Selon elle, « ce dernier conflit va laisser encore plus de gens dans la faim et le désespoir ». L’ONG CARE partage également cette inquiétude : « malgré l’annonce d’un cessez-le-feu, les équipes craignent que la nouvelle flambée de violence survenue le week-end dernier n’accentue la crise alimentaire ». Près de 4,8 millions de personnes souffrent de faim extrême au Soudan du Sud, selon un rapport de l’IPC.

Lundi soir, le président Salva Kiir et Riek Machar se sont mis d’accord pour un cessez-le-feu, aucun coup de feu n’a donc retenti mardi. L’ONU appelle toutefois à l’instauration d’une paix durable. La représentante spéciale de l’ONU au Soudan du Sud incite également les forces de sécurité de la capitale à garantir « un accès sans entrave » aux patrouilles de protection des civils de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et à permettre aux civils de trouver refuge.

Les affrontements se sont répétés à Juba depuis le 7 juillet, faisant au moins 272 morts, dont 33 civils. Face à cette situation, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a appelé à ce qu’un embargo sur les armes et des sanctions ciblées supplémentaires soient imposés par le conseil de sécurité. « La reprise des combats est scandaleuse. C’est un nouveau revers. Elle aggrave les souffrances du pays. Elle tourne en ridicule les engagements pris en faveur de la paix », a-t-il ajouté. Depuis son indépendance, le plus jeune pays du monde est sujet à de nombreux conflits et les victimes qui fuient vers le Soudan ne trouvent pas de meilleures conditions.