Travail des enfants : OIT épingle le Liban

Le travail des enfants a considérablement augmenté au Liban depuis ces quelques dernières années. Dans un rapport, publié le mardi 12 juillet dernier, l’OIT a sonné l’alarme sur la situation catastrophique des enfants qui travaillent dans le secteur agricole.

 

Les enfants syriens en première ligne

Pour fuir la guerre, plusieurs milliers de syriens ont trouvé refuge dans les pays voisins dont le Liban. Actuellement, le pays abrite près de 1.070.000 réfugiés syriens, soit 25% de sa population totale. Or, la vie est loin d’être facile au pays du Cèdre ! Selon l’ONU, 70% des réfugiés syriens vivent actuellement sous le seuil de pauvreté et seuls 33% de leurs enfants sont scolarisés.

Principale cause : les autorités locales limitent l’accès au travail pour les réfugiés. Ainsi, les réfugiés adultes peinent à nourrir sa famille et sont contraints d’envoyer leurs enfants travailler. Malheureusement, c’est surtout l’agriculture qui embauche des enfants. Or, ce secteur est particulièrement dangereux en termes d’accidents et en maladies professionnelles.

Dans son rapport, l’OIT a interviewé Kowsar Ibrahim, une réfugiée syrienne de douze ans. La jeune fille a avoué qu’elle préfèrait travailler dans les vignes plutôt que dans la récolte des pommes de terre. Elle a ainsi expliqué : « C’est mieux et il y a plus d’ombre dans les vignes. La récolte des pommes de terre s’effectue dans les champs, en plein soleil et c’est pénible. On récolte les pommes de terre par sacs de 20kg que l’on doit porter jusqu’au point de collecte ».

 

Le travail des enfants au Liban

Mais cette situation ne touche pas uniquement les enfants syriens. En effet, le rapport dévoile que plusieurs milliers d’enfants libanais travaillent aussi dans l’agriculture. Le rapport note d’ailleurs que « les enfants sont souvent une main-d’œuvre supplémentaires durant les périodes de récoltes ». Ainsi, « entre 2.000 et 3.000 élèves s’absentent durant la saison des récoltes » a constaté Sonia Khoury, directrice du projet RACE (Reaching all children with education). Durant l’année 2015, près de 10.000 élèves ont même définitivement abandonné leurs études. Le plus choquant dans cette

Si le travail des mineurs en secteur agricole est régit par un décret national dans le pays, il est loin d’être respecté. En effet, le département chargé d’inspection du ministère de Travail manque cruellement d’éléments. En tout, ils ne sont que 90 dont 45 inspecteurs pour tout le pays. Pour y remédier, l’ONU recommande au Liban de recruter plus d’inspecteurs qui devront être soutenus par des éléments de la Sécurité générale lors des inspections.

En tout cas, l’OIT a organisé une fête foraine dans la ville de Saandnayel pour sensibiliser la société sur les méfaits du travail des enfants. A travers la peinture et des spectacles artistiques, des enfants ont exprimé leur angoisse. Tous étaient victimes des « pires formes de travail » a précisé Hayat Osseiran, consultante de l’OIT. A la fin de cette fête, Osseiran a souligné : « Cette fête foraine est l’un des moyens que nous avons mis en œuvre pour sensibiliser aussi bien les populations locales que les réfugiés aux dangers et risques bien réels auxquels sont exposés les enfants qui travaillent dans l’agriculture ».