L’épidémie de Sida menace de rebondir

Éradiquer le Sida d’ici 2030 ne sera pas une mince à faire. Après une baisse considérable et un moment de stagnation, les nouvelles infections au VIH chez les adultes augmentent, voire explosent dans certains pays. Le manque d’information et les tabous sont en cause. C’est notamment le cas en Russie et en Iran.

 

Un retard de prévention chez les adultes

Environ 1,9 million d’adultes par an sont affectés par le VIH sur les cinq dernières années et les nouvelles infections augmentent dans certaines régions du monde. C’est le constat révélé par l’ONUSIDA dans son rapport sur le retard en matière de prévention. Sans efforts significatifs en matière de prévention, l’objectif de mettre fin au Sida d’ici 2030 ne sera pas atteint.

Près de 36,5 millions de personnes dans le monde seraient actuellement porteurs du virus, selon toujours l’ONUSIDA. Entre 2010 et 2015, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale ont enregistré une hausse de 57 %, les Caraïbes font état de 9 % d’augmentation par an, l’accroissement est de 4 % pour le Moyen-Orient et le Nord de l’Afrique, 2 % en Amérique latine, 4 % en Afrique orientale et australe et 3 % en Asie et Pacifique.

Explosion de nouveau cas en Russie

La Russie est en partie responsable du rebondissement de l’épidémie de Sida dans le monde, vu que 80 % des nouveaux cas y ont été signalés. Le nombre de séropositifs s’élèverait aujourd’hui à plus d’un million, sur les 140 millions d’habitants. Le taux de séroprévalence est dix fois plus élevé qu’à l’extérieur dans les prisons. Malgré l’étendue de la situation, les autorités misent plus sur le traitement que sur la prévention.

Le manque d’information est mis en cause dans cette propagation du VIH. En Russie, les groupes à risques tels que les homosexuels, les prostitués ou les toxicomanes sont quasiment ignorés dans les campagnes de prévention. Seuls les traditionalistes sont autorisés à lutter contre le Sida en prônant l’abstinence, le mariage hétérosexuel et la fidélité.

Le Sida est également en hausse en Iran

En Iran, le sexe reste un tabou dont il ne faut pas parler ouvertement. Cela a contribué à l’augmentation du nombre de cas de séropositifs, d’après les déclarations du vice-ministre iranien de la Santé, Ali Akbar Sayari, à l’agence de presse officielle Irna. « La transmission du sida lors de relations sexuelles est en augmentation et la population doit en être ouvertement informée si nous voulons contrôler le phénomène » a-t-il ajouté.  

La religion et la culture à caractère islamique constituent un blocage pour la prévention du VIH. « Nous ne pouvons pas examiner ces questions ouvertement et de manière transparente avec la population », explique le vice-ministre, « par exemple, nous ne pouvons pas parler de préservatifs ». Si le ministère de la Santé recense 32 000 séropositifs, l’ONUSIDA estime qu’ils sont deux à trois fois plus.

Face à cette menace de rebondissement de l’épidémie, l’ONUSIDA tire la sonnette d’alarme. « Les atouts de la prévention ne sont pas exploités. En cas de résurgence des nouvelles infections à VIH, l’épidémie deviendra impossible à maîtriser. Le monde doit immédiatement mettre en œuvre les actions requises pour mettre fin au retard pris en matière de prévention », explique Michel Sidibé, directeur exécutif de l’organisation.