Enfants non accompagnés : les oubliés de la crise migratoire

Les enfants migrants non accompagnés détenus dans les camps grecs vivent dans des conditions déplorables. Dans son rapport, intitulé « Pourquoi me gardez-vous ici ? Détention en Grèce d’enfants non accompagnés », Human Rights Watch pointe du doigt l’incapacité de la Grèce à proposer un hébergement décent à ces enfants.

 

« Pourquoi me gardez-vous ici ? »

« Pourquoi me gardez-vous ici ? » C’est l’ultime question posée par les enfants migrants non accompagnés en Grèce. Ils vivent dans l’angoisse et l’incompréhension au quotidien. Sans parents ni proches, ils sont placés en détention sous supervision policière pendant plusieurs jours, semaines et voire-même des mois. Il est à noter que la loi grecque stipule que les enfants non accompagnés sont placés en garde à vue en attendant leur transfert vers un centre d’accueil. Mais si le délai normal est fixé à 25 jours, il n’est pas rare que la détention va au-delà des 45 jours.

Pourtant, ces centres de détention, prévus pour du court-terme, ne proposent que des conditions précaires pour ces enfants. Et le rapport publié par Human Rights Watch, le jeudi 8 septembre dernier, confirme bien cette situation catastrophique. Selon ce rapport, les enfants sont enfermés dans des cellules à taille réduite et surpeuplées. Ils manquent de tout : matelas, couvertures, installations sanitaires, soins… Et pour obtenir leur repas, ils doivent même faire la queue pendant plusieurs minutes.

Par ailleurs, leur santé psychologique est aussi particulièrement négligée. Sur les quatre centres visités par Human Rights Watch, un seul d’entre eux proposait un suivi psychologique et un seul autre centre disposait de livres et jeux pour enfants. Et si aucun des 42 enfants interviewés par l’organisation n’a fait part d’abus, quelques-uns ont évoqué de la maltraitance et de l’humiliation infligés par les gardes.

 

« Violation du droit international »

Pour Human Rights Watch, cette détention est une « violation du droit international et des lois de leur pays d’accueil ». Le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a d’ailleurs souligné que « les enfants ne devraient pas être mis en détention uniquement à cause de leur statut migratoire ou parce qu’ils ne sont pas accompagnés ». L’organisation réclame ainsi des mesures de la part d’Athènes pour mettre fin à cette pratique dans les brefs délais. Et le temps presse puisque 1.472 demandes de placement sont actuellement en attente. Pour cause, la Grèce ne dispose que de 800 places adaptées pour les enfants isolés dans ses centres d’accueil. Or, au cours de ces sept premiers mois, plus de 3.300 enfants non accompagnés ont été recensés à travers le pays.

Mais la Grèce ne devrait pas être le seul pays à prendre ses responsabilités face à cette situation. En effet, les Etats membres de l’Union européenne devront s’activer pour lancer le plan de relocalisation. Il est à rappeler qu’en septembre 2015, un accord stipulant le transfert de 66.400 demandeurs d’asile de Grèce vers les autres pays européens a été signé par le Comité. Mais peu de pays n’a jusqu’aujourd’hui activé ce plan et la Grèce reste donc seule face cette crise migratoire persistante.