Réfugiés : le Kenya a ras-le-bol !

Principal pays d’accueil des réfugiés, Kenya est considéré comme étant le plus grand camp de réfugiés dans le monde. Mais le pays semble de plus en plus réticent face à cette situation et compte apporter quelques changements majeurs.

 

Le plus grand camp de réfugiés au monde

Depuis maintenant 25 ans, Kenya est devenu le premier pays d’accueil des réfugiés. Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU, environ 600.000 personnes originaires de la Somalie, du Soudan du Sud, du Burundi et du Congo sont réparties entre les différents camps du pays dont le camp de Kakuma au Nord-Ouest et le camp de Dadaab dans le Nord-Est.

Le camp de Kakuma abrite majoritairement des soudanais puisqu’il se trouve à quelques kilomètres de la frontière qui sépare le Kenya avec le Soudan. De l’autre côté, les réfugiés somaliens occupent en grande partie le camp de Dadaab qui est situé à une cinquantaine de kilomètres de la frontière somalienne.

Avec 350.000 réfugiés à son actif depuis son ouverture en 1991, ce dernier camp est considéré comme étant le plus grand camp de réfugiés au monde. Un bien triste record surtout quand on s’approche de près ce camp où les conditions de vie des réfugiés sont particulièrement déplorables. D’ailleurs, à cause de cette précarité et cette extrême pauvreté, la grande majorité d’entre eux finissent par développer des troubles psychiatriques, plus ou moins graves.

En 2013, un « accord tripartite » a été signé entre Kenya et Somalie afin de faciliter le retour des réfugiés somaliens installés dans ces deux camps vers leur pays d’origine. Malheureusement, peu ont suivi cette voie à cause de l’instabilité qui persiste dans leur pays.

 

Une probable fermeture des camps

Et pire, si Kenya s’attendait à une diminution des entrées, l’afflux persiste. Frustré et débordé par la situation qui devient de plus en plus hors de contrôle, le gouvernement a publié une déclaration le vendredi 6 mai dernier annonçant que « l’accueil de réfugiés touche à sa fin » pour des raisons économique, sécuritaire et environnemental.

Dans cette déclaration, le gouvernement kényan a annoncé la dissolution de l’organisme gouvernemental en charge des réfugiés (DRA) ce qui signifie qu’aucune demande d’asile ne pourra plus être déposée auprès du pays et a déclaré la fermeture des camps déjà existants dans les brefs délais. Pour Mwenda Njoka, le porte-parole du ministère de l’intérieur : « le message est clair, nous fermons les camps et nous n’accepterons plus de réfugiés dans le pays ».

Cette décision a été fortement critiquée par la communauté internationale qui tente de remettre Nairobi sur les rails en lui rappelant ses obligations. Ainsi, dans un communiqué, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a demandé au Kenya de « reconsidérer sa décision et d’éviter de prendre des décisions qui seraient en désaccord avec ses obligations internationales envers les personnes demandant l’asile pour fuir le danger et la persécution ».

De son côté, Amnesty International estime que « Cette décision irréfléchie du gouvernement kényan est un renoncement de son devoir de protéger les personnes les plus vulnérables et mettra des milliers de vie en danger ». En tout cas, si Kenya met en pratique ses menaces, ces 600.000 réfugiés se retrouveront donc en grande difficultés.