Réunion : menacée par une épidémie de dengue

Depuis la fin de l’année 2015, une centaine de cas de dengue ont été confirmés à la Réunion. Aujourd’hui, la propagation s’est accélérée et risque de se transformer en une épidémie si elle n’est pas rapidement maîtrisée.

Une menace d’épidémie

La nouvelle année commence mal pour la Réunion. En effet, la dengue qui a été détectée sur l’île vers la fin de l’année 2015 s’est rapidement propagée. Depuis, les autorités locales ont confirmé 161 cas autochtones dont la plupart ont été signalés dans les communes de Saint-Louis, de Saint-Leu et de Saint-Pierre.

Face à cette rapide propagation, l’Agence de Santé de l’Océan Indien a activé le niveau 2B du dispositif ORSEC. En rappel, l’organisation de la réponse de la sécurité civile est l’équivalent d’un « plan de secours », « plan d’urgence » ou encore de « plan de secours spécialisé » quand un pays est frappé par des catastrophes naturelles ou des maladies. Et le niveau 2B est activé quand la circulation virale s’intensifie et risque de s’évoluer en une épidémie.

Et le risque est bel et bien présent puisque 15 cas ont été enregistrés rien qu’au cours de la semaine dernière. Raison pour laquelle, Dominique Sorain, le préfet de la Réunion, a réuni, le mercredi 11 mai dernier, tous les partenaires institutionnels dans le cadre du Groupement Intérêt Public – Lutte Anti-Vectorielle GIP-LAV (Etat, ARS-OI, le conseil régional, le conseil départemental, l’association des maires, les 24 communes et les 5 intercommunalités du département) afin d’identifier les mesures adéquates pour éviter que la propagation ne se transforme en une épidémie.

Lors de cette réunion, le GIP-LAV s’est engagé à maintenir le dispositif ORSEC déjà en place et de créer 300 emplois pour renforcer les équipes déjà déployées sur le terrain pour la lutte anti-vectorielle. Parmi eux, près de 100 personnes vont rapidement rejoindre l’équipe de nettoyage des ravines dans les quartiers à risque.

 

Lutte contre la dengue

La dengue est une maladie virale transmise par les piqures de moustique de type Aedes aegypti, le même vecteur que le virus Zika. Identifiée pour la première fois en 1950 aux Philippines et en Thaïlande, elle s’est rapidement propagée à travers le monde. Aujourd’hui, 390 millions de cas sont détectés par année à travers le monde (dans 128 pays) dont 96 millions présentent des manifestations cliniques.

Pour lutter contre la maladie, la lutte anti-vectorielle était la seule option depuis plusieurs années. Elle consiste à éliminer les vecteurs (moustiques) par différents moyens comme l’élimination des gîtes larvaires en vidant tous les endroits qui peuvent retenir de l’eau (pots, vases, soucoupes), la protection contre les moustiques (utilisation de moustiquaires, de lotion…) et la consultation rapide d’un médecin dès l’apparition des premiers symptômes.

Fort heureusement, Sanofi a mis au point le premier vaccin contre la dengue : Dengvaxia (CYD-TDV). D’ailleurs, ce nouveau vaccin sera probablement utilisé à l’île de la Réunion pour lutter contre cette rapide propagation.

En tout cas, Marisol Touraine, la ministre de la santé réunionnaise, a avancé cette hypothèse lors de l’Assemblée nationale du 4 mai dernier en déclarant : « Ce vaccin n’est pas encore accessible en France mais si la situation l’exige, nous examinerons les conditions d’une mise à disposition anticipée de ce vaccin à la Réunion ».