Cameroun : gestion des déchets plastiques, un secteur prometteur

Pour préserver l’environnement, bon nombre de pays ont décidé d’interdire la production et la commercialisation des plastiques. Mais le Cameroun sort du lot ! En effet, le pays préfère développer le recyclage des déchets plastiques, un geste à la fois écologique et économique. 

 

Cameroun : foyer de pollution plastique

Au Cameroun, les déchets plastiques représentent 10% des ordures journalières du pays, soit 6,5 millions de tonnes par jour.. Une situation catastrophique pour l’environnement puisque les plastiques sont des polluants très résistants. Leur durée de vie est d’ailleurs estimée entre 500 et 1.000 ans. Ainsi, pour protéger l’écologie, le gouvernement camerounais a décrété une loi interdisant la production, la commercialisation et l’utilisation des emballages plastiques non-biodégradables en avril 2014.

Malheureusement, cette loi semble passée inaperçue puisque les sachets et bouteilles en plastiques continuent à affluer en Cameroun. Et une fois usés, ils finissent généralement dans les rivières camerounaises.  A Youanda, capitale politique du Cameroun, la rivière de Mfoundi s’est transformée en un dépotoir de déchets plastiques. Même scénario pour le fleuve du Wouri, le célèbre cours d’eau de Douala, ville économique du pays.

Les autorités locales se sentent donc impuissants face aux déchets plastiques. Or, ces derniers ont des conséquences désastreuses autant sur la santé que sur l’environnement. Il est à noter que les plastiques sont à base de polyéthylène, un élément nocif pour la santé des humains et des animaux. De plus, les déchets plastiques figurent parmi les principales causes de la pollution marine.

 

Des déchets plastiques transformés en des pavés écologiques

Face à ce problème de taille, seul le recyclage peut atténuer le fléau. Mais le Cameroun a dû mal à développer ce secteur. Heureusement, une ONG a décidé de prendre les choses en main depuis juin 2015. Cœur d’Afrique, créé par Roger Milla, vise à former des jeunes à la collecte, au tri des déchets en plastique et à leur transformation en des pavés écologiques.

D’après les explications de Pierre Kamssouloum, directeur technique du projet, le procédé est assez simple sans utilisation de produits chimiques. Seul ingrédient indispensable : le sable avec lequel on mélange le plastique fondu. Le résultat donne des pavés imperméables et résistants. Un laboratoire du génie civil a prouvé qu’ils peuvent supporter jusqu’à 50,5 tonnes de charge par rapport aux pavés standard. Par ailleurs, leur prix est nettement plus bas. Ils coûtent entre 4.000 et 4.500 francs CFA (environ 6,5€) le mètre carré avec une épaisseur de 5cm contre 5.000 à 25.000 francs CFA (38€) pour les pavés classiques.

A terme, l’association envisage de former au moins 2.500 jeunes. Milla a d’ailleurs souligné « Nous avons lancé ce projet pour lutter contre la pollution mais aussi pour créer des emplois pour des jeunes désœuvrés ». En outre, l’ONG compte aussi sensibiliser le grand public sur l’importance du recyclage des déchets. L’association a ainsi mené une campagne de sensibilisation auprès de deux établissements scolaires de Yaoundé, en novembre dernier. En seulement une semaine, les élèves ont réussi à collecter trois tonnes de déchets. Un pas important vers la conscientisation de la population qui a sa part de responsabilité dans la dégradation de l’écosystème et l’environnement.