Pollution marine : les poissons de mer deviennent inconsommables

En janvier, la fondation Ellen MacArthur a affirmé que si rien ne change « Il y aura plus de plastique que de poisson dans l’océan en 2050 ». Cette inquiétude tend à se confirmer, vu que les poissons préfèrent maintenant le plastique au plancton.

 

Les poissons de mer adorent le plastique

La pollution des océans par les infimes particules de plastique aura bientôt des impacts sur la santé de l’homme. Les résultats d’une récente étude publiée dans Science montrent que les poissons de mer adorent les matières plastiques. Les biologistes de l’Université d’Uppsala, en Suède, ont révélé que seuls 81 % des œufs de poissons exposés au plastique ont éclos, contre 96 % dans l’eau pure. En plus, les alevins sont sujets à un ralentissement de la croissance, des troubles comportementaux et un taux élevé de mortalité.

Habitués au « fast food », les poissons ignoraient leur nourriture traditionnelle. Comme le raconte Oona Lönnstedt, l’une des chercheurs « tous les poissons avaient un libre accès au zooplancton, mais ils préféraient le plastique ». Une expérience a également démontré que les poissons se nourrissant de plastique perdaient toute sensibilité à l’odeur des prédateurs. « L’action chimique s’effectue par l’une des voies suivantes: soit les particules de plastique émettent des substances chimiques toxiques qui affectent le système nerveux central, soit les poissons manquent d’énergie, cessent d’être actifs et deviennent des proies faciles », explique Oona Lönnstedt.

 

La disparition du plastique n’est plus un mystère

Les débris issus des activités de l’Homme ont toujours été acheminés jusqu’aux océans avec l’aide du vent et des cours d’eau. Les amas de déchets ont vite été baptisés « continent » à cause de leur taille, près de 3,5 millions de km². La découverte de ces accumulations de déchets remonte à 1997. D’après le Programme des Nations Unies pour l’Environnement en 2006, 90 % des déchets sont des plastiques.

En 2014, les chercheurs étaient surpris qu’il n’y ait que 10.000 à 35.000 tonnes de débris plastiques à la surface des océans, d’autant plus qu’ils ignoraient pour quelle raison une partie du septième continent disparaissait. D’après Andrés Cozar, du Centre Supérieur de la Recherche Scientifique en Espagne, ce sont les particules de plastiques mesurant moins de 5 mm qui ont disparu. Les scientifiques espagnols ont ensuite avancé l’hypothèse que les déchets se décomposaient en morceaux invisibles et que « 88 % de la surface des océans seraient polluées par de micro-fragments de plastique ».

Les micro-plastiques perturbent également la reproduction des huîtres. D’après Arnaud Huvet, biologiste à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), « les taux de fécondation étaient réduits de plus de 41 % par rapport aux huîtres qui se trouvaient dans un bassin dans lequel la teneur en micro-billes était plus faible ». Face à cette situation certaines sociétés commencent à utiliser des matières comestibles pour les poissons comme emballage. Toutefois, cette seule solution n’est pas suffisante pour lutter contre la pollution plastique.