Démantèlement de Calais : la répartition partage l’hexagone

L’accueil des migrants demeure l’une des principales préoccupations actuelles des pays européens. En France, le projet de démantèlement de la jungle de Calais via la création de nouvelles places en CAO crée plus que jamais la polémique.

 

Création de 12.000 places en CAO

« Avant fin 2016, les préfets devront avoir trouvé 12.000 places d’hébergement pour les personnes censées être évacuées ». Une déclaration choc dont Le Figaro en est l’auteur. Dans son article publié le 12 septembre dernier, le quotidien a affirmé avoir eu connaissance « des consignes envoyées aux préfets » face à la question de l’hébergement des déracinés de Calais. D’après les consignes qu’il a rapportées, 12.000 places devront ainsi être disponibles d’ici la fin de cette année. Si 3.000 ont déjà été créées depuis novembre dernier, plus d’un millier devrait alors voir le jour « d’ici à la fin du mois d’octobre » et « 8.200 places » d’ici la fin décembre.

Mais au-delà de ces chiffres, un point primordial a fait couler beaucoup d’encres : la répartition de l’accueil. En effet, l’Etat envisage une répartition au niveau national qui dépendra du « critère démographique pondéré par les efforts faits par chaque région » explique L’Obs. Ainsi, le plan prévoit alors 1.405 en Auvergne-Rhône-Alpes, 1.091 en Occitanie, 989 en Nouvelle-Aquitaine, 959 dans le Grand-Est, 949 en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, 845 dans les Hauts-de-France, 663 en Normandie, 662 dans les Pays-de-la-Loire, 600 places en Bretagne, 580 dans le Centre et 550 en Bourgogne-Franche-Comté. Seules exclues de cette répartition : « l’Ile-de-France et la Corse ». Une exclusion qui ne plait pas à tout le monde.

 

Exclusion de l’Ile-de-France et de la Corse

En effet, l’exclusion de ces deux régions du plan de répartition crée la polémique. Si le document ministériel évoque la situation « tendue sur la question de l’hébergement » en Ile-de-France, son explication concernant l’île de Beauté reste « évasive » soulève LCI. En effet, le document indique que « le gouvernement est contraint de tenir compte du climat local depuis les heurts sur la plage de Sisco, le 13 août dernier ». Or, ces heurts n’ont aucun lien avec la question des migrants souligne la chaine d’information.

 « Alors pourquoi avoir laissé cette région en dehors du plan de répartition ? » Interviewé par LCI, Gérard Sadik, coordinateur de la question d’asile à La Cimade, organisme accompagnant les personnes étrangères dans la défense de leurs droits , a cité trois critères principaux qui peuvent expliquer cette décision : la distance, le nombre insuffisant de demandeurs d’asile en Corse (trois demandes par an) et un manque de courage de la part de l’Etat. Un manque de courage qui a été dénoncé sur les réseaux sociaux où quelques internautes considèrent cette exclusion comme « une différence de traitement entre les régions » remarque la chaine d’information.

 

Les maires divisés par cette répartition

Par ailleurs, une autre question pose problème : l’accord des maires sur cette répartition. En effet, ils n’ont pas été consultés lors de l’élaboration de ce plan et ont appris la nouvelle presque au même moment que la presse. Particulièrement opposé à ce plan, Laurent Wauquiez, de l’extrême droite a même lancé une pétition intitulée « Non au plan de Cazeneuve de répartition des migrants de Calais dans nos régions », depuis le vendredi 16 septembre dernier. Avec cette pétition, le président par intérim des Républicains appelle « les maires de sa région à s’opposer à l’accueil des migrants de Calais » précise BFMTV. Sur la même lancée, Steeve Briois, maire FN d’Hénin-Beaumont, a lancé une association clamant : « ma commune sans migrants ».

Mais ont-ils droit d’agir de la sorte ? Sur le plan juridique, l’Etat a le droit de créer des Centres d’accueil et d’orientation (CAO) dans n’importe qu’elle commune souligne La Croix. En effet, ce sont des hébergements d’urgence « sous système déclaratif » explique le quotidien. Le gouvernement n’a pas besoin de demander l’avis des maires mais il doit financer la création de ces places et la « couverture des besoins immédiats des personnes » ajoute-t-il. Quoi qu’il en soit, Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse envisagent une concertation avec les élus des communes concernées. Pour combattre « les outrances d’acteurs politiques », ils ont envoyé deux lettres dont l’une était adressée aux maires et l’autre, aux députés rapporte Le Monde. Dans ces lettres, les deux ministres martèlent que : « le démantèlement définitif est impératif et doit s’inscrire dans un cadre de solidarité nationale ».