France et ses campements de migrants

L’hexagone peine à gérer les migrants déjà présent sur son territoire. Si à Paris les opérations d’évacuation des campements de fortune se multiplient, à Calais, l’Unicef dénonce l’exploitation des enfants migrants non accompagnés.

 

Evacuation dans le nord de Paris

Depuis maintenant plusieurs jours, un campement de migrants s’est formé sous le métro aérien à La Chapelle, dans le 18ème arrondissement. Très tôt ce jeudi matin, vers 7h15, les autorités ont entamé leur évacuation qui s’est déroulée dans le calme total. Selon la préfecture de Paris, ils étaient 378 migrants à s’être entassés dans cet endroit. Majoritairement afghans et soudanais, ils ont été répartis dans les trente centres d’hébergement qui existent à Paris et en Ile-de-France.

Il s’agit de la 24ème évacuation menée par les autorités depuis l’année dernière sur Paris. Récemment, deux grandes opérations d’évacuation ont été menées : l’une à Stalingrad et l’autre dans les Jardins d’Eole. Le premier campement a abrité 1.600 migrants et 1.300 pour le second. Des chiffres particulièrement alarmants et raison pour laquelle, la préfecture a décidé de prendre une décision rapide face au campement situé à La Chapelle. « La volonté c’était d’agir le plus vite possible avant que le campement ne devienne trop important » a admis Patrick Vieillescazes, chef de cabinet du préfet parisien.

Force est de constater que campements déjà vidés ne tardent pas à se remplir de nouveau. Et pourtant, les migrants vivent dans des conditions déplorables dans ces campements de fortune. Et c’est dans ce sens qu’Anne Hidalgo a d’ailleurs annoncé l’ouverture prochaine d’un campement humanitaire pour accueillir dignement les migrants.

 

Exploitation des enfants à Calais

A Calais, c’est un tout autre sujet qui choque : la situation des enfants migrants, notamment ceux qui ne sont pas accompagnés. Il est à rappeler que le nombre d’enfants migrants arrivés seuls en Europe a considérablement augmenté depuis le début de cette année. Une situation alarmante puisqu’un enfant seul est une proie facile pour les passeurs qui ne cessent de se multiplier. Et les risques sont nombreux : viols, abus, travaux forcés…

Et le résultat d’enquête publié par l’Unicef ne fait que le confirmer. Ce jeudi 16 juin, l’organisation a dénoncé l’exploitation des enfants mineurs non accompagnés dans les différents campements à Calais, dans la Grande-Synthe et dans les petites jungles voisines. Afin d’établir ce rapport, trois sociologues commandés par l’Unicef ont mené une enquête de quatre mois dans ces campements. En tout, ils ont pu s’entretenir avec 61 enfants seuls (moins 14 ans) venant de l’Afrique subsaharienne, de la Syrie, du Kurdistan, de l’Afghanistan et de l’Egypte. Le rapport dévoile ainsi que les filles sont forcées de se prostituer pendant que les garçons doivent effectuer plusieurs corvées comme chercher l’eau, faire la lessive… Pour accéder au camp, des jeunes afghans ont avoué qu’ils devaient payer entre 100 euros à 500 euros aux passeurs.

En 2015, 1.403 jeunes ont été « mis à l’abri » suite aux différentes opérations de maraudes menées par les équipes de France terre d’asile. Malheureusement, jusqu’ici le nombre exact de mineurs non accompagnés n’a pas encore été défini. Une situation qui irrite particulièrement l’Unicef qui pointe du doigt le non-respect de la France de la Convention des droits de l’enfant tout comme la décision prise lors du Conseil d’Etat du 23 novembre 2015 qui lui demander de « procéder au recensement des mineurs isolés en situation de détresse et de se rapprocher du département du Pas-de-Calais en vue de leur placement ».