Migrants : « Paris prend sa part de fardeau »

La situation des migrants en France continue à préoccuper. Face au manque de réactivité de l’Etat, la mairie de Paris a décidé de prendre les choses en main et envisage de créer un campement humanitaire.

 

Des campements de fortune

Depuis le début de la crise migratoire en 2015, le nombre de campement de fortune des migrants s’est multiplié en France et principalement à Paris. En un an, les autorités locales ont entamé pas moins de vingt opérations d’évacuation dans ces campements sauvages. Le plus marquant a été celui de Stalingrad qui abritait 1.615 migrants. Sans oublier les 277 migrants qui ont squatté le lycée Jean-Juarès, situé dans le XIXème arrondissement.

Cette situation démontre que l’accueil des migrants n’est toujours pas à point dans l’Hexagone. D’ailleurs, Anne Hidalgo, la maire de Paris, a déjà sonné l’alarme vers le début du mois de mai en appelant un « changement de méthode pour que les campements ne soient plus une étape obligée du parcours migratoire ».

Actuellement, un nouveau campement vient de voir les jours. Il est installé sur le parvis des jardins d’Eole, entre les XVIIIème et XIXème arrondissements, et abrite près de 800 migrants. Suite aux pluies torrentielles qui se sont abattues sur Paris, ces migrants vivent actuellement dans un véritable enfer rempli de boues. « Ce n’est pas possible de laisser les gens dans des conditions aussi indignes, en plein Paris » a dénoncé Agathe, militante dans les collectifs de soutien aux migrants.

 

Pour un campement plus digne

Et c’est justement dans ce sens qu’Anne Hidalgo compte lancer la construction d’un campement humanitaire qui va proposer des bâtiments modulaires comme celui de Grande-Synthe. La mairie a informé que les études sont actuellement menées sur plusieurs terrains vacants dans le nord de la ville pour définir le choix du lieu. Une décision qui devra être officialisée dans les prochains jours puisque la maire envisage son ouverture d’ici un mois et demi.

Cette décision vient confirmer la tension qui règne entre Paris et l’Etat depuis le début de la crise migratoire. La mairie de Paris n’a d’ailleurs pas hésité à partager sa frustration face au manque de réactivité de l’Etat en déclarant : « On fait face depuis un an et demi à un flux de migrations sans précédent. On a dû aller bien au-delà de nos compétences. Et malgré des courriers et des communiqués réguliers, on a repris depuis trois mois cette triste habitude de voir des campements dans Paris. »

Certes, ce camp humanitaire va permettre aux migrants de vivre dans un endroit digne mais il a des limites. En effet, ce campement ne servira que de transit et les migrants ne pourront y rester que quelques semaines en attendant leur orientation. D’autres solutions doivent être ainsi l’accompagner. C’est ce que Mathilde Berthelot, responsable du programme Migrants à MSF a soulevé en déclarant : « Il y a une vraie urgence en termes de précarité et de conditions de vie. C’est une urgence pour les individus. Ensuite, la ville de Paris a quand même des moyens et il ne faut pas uniquement répondre dans l’urgence en allant trop vite parce que si les choses sont mal faites, les gens vont revenir sur ces lieux informels. » En tout cas, Anne Hidalgo espère avoir le soutien de l’Etat dans ce projet.