Grande-Synthe : un camp de l’espoir pour les migrants

Depuis le début de la crise migratoire, les conditions de vie déplorables des migrants qui vivaient dans le camp de Basroch suscitaient l’indignation de plusieurs organisations. Face à une telle situation, Médecins Sans Frontières a décidé de bâtir un nouveau camp beaucoup plus digne.

 

Grande-Synthe : premier camp aux normes internationales en France

Le lundi 07 mars, MSF a officiellement ouvert un camp de migrants aux normes internationales au camp de la Linière. Installé sur une ancienne coopérative de transformation du lin à Grande-Synthe, près de Dunkerque, le site est géré par l’association Utopia5.

En tout, le site propose 220 maisonnettes en bois qui peuvent accueillir 1.500 personnes. Chaque maisonnette dispose de systèmes de chauffage, un coin cuisine équipé, une buanderie, de sanitaires et de lits prévus pour quatre personnes. Selon les estimations de MSF, le nombre de cabanes devrait dépasser les 375, ce qui permettrait au camp d’accueillir 2.500 personnes au total.

Ce camp est principalement destiné aux migrants qui vivent dans la boue et dans des conditions déplorables dans le camp de Basroch, à moins de deux kilomètres de là. Selon les derniers chiffres de la préfecture du Nord établi le jeudi 03 mars dernier, ce dernier abrite actuellement 1.050 personnes dont 60 femmes et 74 enfants.

Aujourd’hui, 900 migrants ont été transférés  vers le camp de la Linière. Pour éviter tout « débordement » lors des prochains déménagements, MSF a mobilisé 25 de ses agents, qui seront aidés par une centaine de bénévoles, sur ces deux sites.

 

L’Etat affiche son hostilité face à ce camp

Mais ce nouveau camp ne ravit pas tout le monde et particulièrement l’Etat. Depuis le début, il s’opposait à l’installation de ce nouveau camp. Vers le mi-février, Jean François Cordet, le préfet du Nord a indiqué : « La politique de l’Etat n’est pas de reconstituer un camp à Grande-Synthe, mais bien de le faire disparaître ». Comme le cas de la « jungle de Calais » qui est actuellement en pleine phase de démantèlement.

Il a ensuite ajouté que « La République offre d’autres solutions qui permettent d’accueillir dignement les 1.500 personnes actuellement sur le camp » en faisant référence aux maraudes qu’effectuent des fonctionnaires spécialisés et qui, jusque-là, ont conduit 580 migrants à déposer une demande d’asile et de s’installer dans l’un des centres d’accueil de migrants en attendant.

De plus, l’Etat juge que le camp n’est pas suffisamment sécurisé. En effet, pour ne pas effrayer les migrants, aucune clôture n’a été érigée autour du camp. Une situation qui a été vivement critiqué par le préfet qui a déclaré : « Le nouveau terrain est ouvert aux quatre vents, il n’existe aucun moyen de contrôler les allées et venues ». Une brèche qui pourrait profiter aux passeurs, ajoute-t-il.

Ainsi, la préfecture a donc « mis en demeure » la mairie de la Grande-Synthe et « se réserve le droit d’agir » si elle juge que les conditions d’accueil et de sécurité ne sont pas respectées. Ce qui pourrait retarder le transfert des migrants qui a commencé depuis hier.