« Jungle de Calais » : la tension est à son comble

Depuis janvier, l’Etat a lancé une opération de démantèlement de la jungle de Calais. Aujourd’hui, alors qu’il devait entamer la deuxième étape de son projet, le tribunal vient d’annoncer que finalement « ce ne sera pas aujourd »hui ». 

 

Projet de démantèlement

Depuis son ouverture vers le mois d’Avril 2015, la jungle de Calais est devenue une source de tension. D’une part, les ONG et les associations se sont manifestées à plusieurs reprises pour dénoncer les conditions de vie déplorables des 5.000 migrants qui y vivaient. De l’autre, les habitants locaux se sont aussi manifestés pour exprimer leur colère contre l’implantation de ce camp dans leur région.

Pris entre deux camps, l’Etat a décidé vers le début de cette année de « raser » le camp et de le transformer en un endroit beaucoup plus digne pour les migrants. Dans ce projet, des conteneurs équipés viennent remplacer les tentes de fortune des migrants. En tout, ils pourront accueillir jusqu’à 2.000 migrants.

La première étape du projet a été lancée le 11 janvier dernier. Après l’évacuation des 600 migrants qui se sont installés sur cette zone, des travaux ont été effectués et 125 conteneurs ont été installés en guise d’hébergement provisoire.

Le lancement de la deuxième étape a été annoncé le 12 février dernier. Dans cette seconde partie, 50 hectares (dans la partie sud de la jungle) seront rasés soit près de la moitié de la superficie totale. Mais plusieurs migrants occupaient toujours cette zone à ce moment-là. Ainsi, l’Etat leur avait donné un délai d’une semaine (jusqu’au mardi 23 février) pour quitter les lieux.

 

« Aucune décision ne sera prise ce mardi »

Mais l’annonce de cette nouvelle étape de démantèlement a suscité une pluie de critiques. En effet, plusieurs associations et ONG ont exprimé leurs inquiétudes sur le sort des migrants qui vont être évacués.

La raison en est simple : les conteneurs, qui ont été installés depuis janvier dernier, sont presque remplis. Aujourd’hui, ils abritent 1.200 migrants alors que leur capacité totale est de 1.500 migrants. Du coup, ils ne pourront accueillir que quelques centaines de migrants. Pourtant, selon ces associations, il reste encore « 3.450 migrants dont 300 mineurs » dans cette zone alors que la préfecture n’avait déclaré que « entre 800 et 1.000 migrants ».

Ainsi, 250 migrants et dix associations ont décidé de déposer une requête de référé auprès du tribunal administratif de Lille pour réclamer la suspension de cet arrêté préfectoral. Selon Me Julie Bonnier, leur avocate : « Il s’agit d’une violation des droits fondamentaux des migrants. Les solutions proposées ne sont pas du tout adaptées à leurs besoins. Il faut qu’ils puissent rester ici en attendant que d’autres solutions soient trouvées ».

Vers 9h ce matin, la juge du tribunal administratif de Lille, chargée du dossier, a rendu une petite visite à la jungle pour « rencontrer les deux parties » et se faire une idée sur la « situation réelle ».  Mais alors que le délai imposé par la préfecture devrait s’expirer ce soir à 20h, le tribunal a indiqué que « ce ne sera pas aujourd’hui ». En effet, le tribunal n’a pas encore statué  et sa décision ne sera rendue que mercredi ou jeudi prochain. En attendant, les migrants auront donc quelques jours de répit et le projet de démantèlement restera en suspens.