Crise migratoire : Athènes au bord de l’explosion

La gestion de l’afflux de migrants sur le territoire européen demeure jusqu’à présent une source de tension entre les pays membres de l’UE. Actuellement, suite au durcissement des contrôles de certains pays, la situation est plus que jamais tendue.

 

Le durcissement des contrôles pour les pays des Balkans

Le cauchemar de la Grèce semble actuellement devenir une réalité. En effet, toutes les frontières commencent petit à petit à se fermer en condamnant ainsi Athènes à contenir les plusieurs milliers de migrants arrivés sur son territoire en provenance de la Turquie.

Depuis le début de la crise migratoire, le groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République Tchèque et Slovaquie) n’a jamais caché leur position d’anti-migrants. Ainsi, ces pays ont rapidement fermé leurs frontières et ont imposé des contrôles extrêmement stricts. Vers le mois d’octobre dernier, la Hongrie a, par exemple, fermé sa frontière avec la Croatie et a érigé un mur barbelé tout au long de sa frontière avec la Grèce.

Dernièrement, c’est l’Autriche qui a décidé de durcir ses règles. Depuis le vendredi 19 février, Vienne a imposé des quotas quotidiens sur sa frontière avec la Slovénie : 80 demandeurs d’asile et 3.200 personnes en transit par jour. De plus, elle a rétablit ses contrôles au niveau de sa frontière avec l’Italie et la Hongrie.

Et cette décision semble avoir provoqué un « effet domino » dans les Etats des Balkans puisque la Macédoine a elle-aussi décidé de durcir ses règles. Depuis dimanche 21 février, seuls les syriens et les irakiens, possédant des papiers d’identité et un « laissez-passer » délivré par l’un des hotspots,  sont autorisés à entrer sur son territoire, les afghans et les migrants d’autre nationalité ont tout simplement été refoulés.

 

L’agacement de la Grèce

A cause de cette restriction, plus de 4.000 migrants se sont retrouvés bloquer du côté de la Grèce depuis mardi soir. Une situation qui agace particulièrement le pays qui dénonce « l’impuissance de l’UE » face à la gestion de cette crise migratoire.

D’ailleurs, ce durcissement est « à l’encontre de ce qui a été décidé à l’unanimité lors du sommet européen » a rappelé Alexis Tsipras, premier ministre grec, devant les journalistes le mardi 23 février. En rappel, Athènes a accepté le compromis pour éviter le Brexit, lors du sommet, à condition que les pays européens maintiennent leurs frontières ouvertes jusqu’au mini-sommet entre l’UE et la Turquie, prévu pour le mois de mars prochain.

En outre, la réunion prévue ce mercredi 24 février en Autriche, réunissant neuf pays des Balkans pour discuter de la gestion de cet afflux de migrants n’a fait qu’enrager davantage la Grèce. En effet, Athènes n’a pas été convié à assister à cette réunion. Pour le gouvernement grec, cette initiative est « unilatérale et inamicale, visant à prendre des décisions concernant directement les frontières sans la Grèce ».

 

L’UE redoute une « crise humanitaire »

Actuellement, Athènes devra donc gérer seul les milliers de migrants bloqués sur son territoire alors que le nombre d’arrivées ne cesse d’augmenter. Selon les données de l’Organisation Internationale pour les Migrations, publiées le mardi 23 février, 102.000 migrants, dont un tiers sont des afghans, ont atteint les îles grecques, en provenance de la Turquie depuis janvier dernier, soit 2.000 entrées par jour.

Le risque d’une crise humanitaire sur le sol grec, qui est déjà fragilisé par la crise économique, est plus que jamais inquiétant. D’ailleurs, dans un communiqué commun, Dimitris Avramopoulos, le commissaire chargé des migrations et Klaas Dijkhoff, le ministre néerlandais en charge du dossier ont écrit : « Nous sommes inquiets au sujet des développements le long de la route des Balkans et de la crise humanitaire qui pourrait se produire dans certains pays, en particulier en Grèce ».

Face à cette situation alarmante, les autorités grecques font appel à l’OTAN de lancer le plan de surveillance en mer Egée afin de limiter le nombre de traversées illégales.