Grèce : prise au piège par la crise migratoire

Alors que les migrants continuent à arriver en masse sur les îles grecques, leur route est plus que jamais étroite. Au bord de l’explosion, la Grèce demande une aide de la part de l’Union Européenne.  

 

Grèce : au bord d’une crise

Depuis dimanche 21 février dernier, la Macédoine a décidé de durcir ses règles au niveau de sa frontière avec la Grèce. Seuls les syriens et les irakiens disposant de pièces d’identité et de « laissez-passer », pour prouver qu’ils se sont enregistrés au niveau de l’un des hotspots, pouvaient passer.

Pourtant, le nombre d’arrivées ne cesse d’augmenter. D’ailleurs, le mardi 1er mars, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé que le nombre d’entrées vient de battre un record. En effet, depuis le début de l’année, le HCR a recensé 131.724 entrées venant de la Méditerranée pour les îles grecques.

Ainsi, depuis cette restriction de la Macédoine, le nombre de personnes bloquées sur le territoire grec s’élève actuellement à 24.000 dont 8.500 se trouvent près du poste-frontière d’Idomeni.

Une situation alarmante que ce soit pour les réfugiés ou pour la Grèce. D’ailleurs, Adrian Ewards, porte-parole du HCR, a bien souligné, lors d’un point de presse à Genève, que  « Ces conditions de surpeuplement conduisent à des pénuries de vivres, d’abris, d’eau et de sanitaires. Les tensions s’accumulent, alimentant les violences et faisant le jeu des passeurs ».

 

Mais Macédoine ne compte pas changer d’avis…

Malgré cette situation catastrophique en Grèce, la Macédoine a fait comprendre qu’elle est bien décidée à maintenir ses règles restrictives au niveau de sa frontière. Ainsi, dans la journée du lundi 29 février, alors que 300 migrants composés de syriens et d’irakiens tentaient de forcer le barrage, les autorités macédoniennes ont décidé de lancer des gaz lacrymogènes contre eux.

Pour la Macédoine, les autorités n’avaient aucun autre choix que d’utiliser la violence pour contenir ces migrants. Ainsi, dans un courriel adressé à l’AFP, Nikola Poposki, ministre des affaires étrangères de la Macédoine, a expliqué : « Quelques centaines de jeunes hommes, de migrants, ont tenté de pénétrer de force sur le territoire de la Macédoine à partir de la Grèce… Les choix sont simples, soit la police se retire et laisse les migrants entrer sans qu’ils soient enregistrés ou identifiés, soit elle empêche les entrées illégales ». Et, il a assuré que cette décision a été prise par des autorités compétentes et expérimentées.

Suite à cet événement, le gouvernement macédonien a décidé de renforcer la sécurité en augmentant le nombre de ses soldats au niveau de sa frontière avec la Grèce.

Une décision qui a fait l’effet d’un domino puisque la Croatie a annoncé qu’elle envisage aussi de renforcer les contrôles au niveau de ses frontières en y envoyant des soldats pour prêter main forte aux patrouilles de la police des frontières.

 

La Grèce lance son appel au secours

Dépassée par les événements, Athènes ne sait plus quoi faire de ces milliers de migrants qui sont bloqués sur son territoire alors que le nombre d’entrées ne semble pas freiner.

Le mardi 01 mars, la Grèce a décidé de soumettre à l’UE un plan d’urgence pour l’aider à contenir et à gérer l’accueil de 100.000 réfugiés sur son territoire. Pour ce plan, Athènes réclame un fond d’aide d’une valeur de 480 millions d’euros. Une aide que la Commission envisage d’allouer à partir de l’aide humanitaire de l’UE, qui, normalement, est réservée aux pays étrangers.

En attendant de trouver des solutions à long terme, la Grèce a décidé de bloquer les transports qui transportent les migrants en provenance des îles vers et de préparer une campagne publicitaire pour prévenir les futurs migrants de la fermeture des frontières au niveau des pays des Balkans.

En outre, les autorités grecques ont aussi procédé, mardi, au renvoie de 150 migrants vers la Turquie. En tout, 308 migrants (d’origine marocaine, tunisienne et algérienne) seront renvoyés vers Ankara en ce début de semaine. Des renvois que la Turquie devrait accepter en vertu de l’accord de réadmission qu’il a signé en 2012 avec la Grèce. D’ailleurs, pour Athènes, Ankara devrait s’investir davantage dans cette crise qui ne pourra être résolue sans sa participation. En tout cas, les pays européens tenteront de trouver des solutions à long terme à cette crise durant le mini-sommet entre l’UE et la Turquie, prévu le 7 mars prochain.