Crise migratoire : la Turquie est à bout de souffle

Avec la dégradation de la situation en Syrie, la crise migratoire semble s’intensifier. Pourtant, la Turquie, premier pays d’accueil des réfugiés, semble avoir atteint ses limites et décide de claquer la porte.  

Débordée, Ankara ferme ses frontières

Pour fuir la guerre qui ravage leur pays depuis 2011, une grande majorité de la population syrienne a décidé de trouver refuge auprès de la Turquie. Depuis, le pays est devenu le premier pays d’accueil des réfugiés syriens et abrite aujourd’hui près de 2,5 millions d’entre eux.

Mais depuis le dimanche 7 février, la Turquie a décidé de fermer ses frontières. Pour cause, le pays est débordé et peine à gérer les réfugiés qui sont déjà sur son territoire.

En effet, parmi les 2,5 millions de réfugiés syriens, seuls 300.000 d’entre eux vivent dans les camps qui leur sont réservés. Quant aux autres, ils errent généralement dans les grandes villes du pays et optent pour un travail au noir ou la mendicité pour survivre.

De plus, une grande majorité des enfants syriens dans le pays ne sont toujours pas scolarisés. D’ailleurs, l’ONG Human Rights Watch a récemment sonné l’alarme quant à l’exploitation des enfants syriens dans les usines de production textile en Turquie.

 

La détresse des réfugiés syriens

Pourtant, aujourd’hui, le peuple syrien a plus que jamais besoin de l’aide d’Ankara. En effet, depuis le lundi 01 février, l’armée syrienne a décidé de lancer une offensive dans la ville d’Alep, sous contrôle des rebelles depuis deux ans, avec le soutien de l’aviation russe.

Dans cette opération, l’aviation russe a déclaré avoir bombardé « 875 cibles terroristes ». Mais selon John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, les russes utiliseraient « des bombes classiques sans guidage », ainsi de nombreux civils dont des femmes et des enfants ont péri sous ses bombardements.

Pour survivre, les habitants de la région d’Alep et ses environs frappent actuellement à la porte de la Turquie. Mais Ankara ne semble pas pressée à l’ouvrir et ne laisse passer que les personnes les plus vulnérables. D’ailleurs, Recep Tayyip Erdogan, le président turc, semble  toujours être convaincu que l’installation d’une « zone de non-survol aérien » dans le nord de la Syrie reste le meilleur issu de cette crise.

Actuellement, près de 30.000 syriens se trouvent coincés de l’autre côté de la frontière turque depuis la semaine dernière et vivent dans des conditions déplorables. La majorité d’entre eux ont quitté leur maison les mains vides. Ainsi, ils se retrouvent sans hébergements, sans couvertures chaudes en cette période d’hiver, sans équipements sanitaires et surtout sans eau ni alimentation.