Boues rouges dans les Calanques : le dossier devient conflictuel

L’industrie Alteo pourra poursuivre son activité impliquant le rejet en mer d’effluents liquides au sein du Parc National des Calanques. Une décision prise par le préfet de la région PACA mais contestée par la ministre de l’environnement Ségolène Royal.

 

Une décision contestée par Ségolène Royal

Dès le départ, l’affaire était déjà dans le sac pour l’industriel Alteo. Bien avant la sortie du communiqué officiel ce mardi 29 décembre 2015, le préfet de la région PACA Stéphane Bouillon avait effectué une déclaration qui laissait présager la situation actuelle. « Au vu des conclusions favorables de la commission d’enquête publique et du Coderst, un arrêté qui fera en sorte que cette usine puisse poursuivre son activité sera publié » disait-il. Maintenant que le communiqué autorisant le renouvellement pour six ans des résidus de production d’alumine a été révélé, un choc s’est abattu notamment au sein du ministère de l’environnement.

Ségolène Royal est sortie de ses gonds. « Je désapprouve cette décision, je n’ai pas du tout changé d’avis, je pense que c’est une mauvaise décision qui est essentiellement suscitée par le chantage à l’emploi » dit-elle. Car c’est vrai que cette usine emploie plus de 400 personnes et près de 250 prestataires externes. Un argument de taille qu’Alteo a dû mettre en avant dans les plus hautes sphères du gouvernement. D’ailleurs, selon la ministre de l’environnement « l’ordre est venu du Premier ministre au préfet, direct ».

Le problème c’est qu’à Matignon, on déclare qu’il n’y a jamais eu ce fameux ordre direct. La demande a simplement été acceptée suite à l’avis favorable de la commission d’experts. Matignon a déclaré que c’est un cas «relativement classique de désaccord entre deux cabinets ministériels ».

Alteo veut rassurer les défenseurs de l’environnement

Lorsque l’industriel Alteo a effectué sa demande sur le prolongement des rejets, des riverains ainsi des associations œuvrant pour la protection environnementale ont manifesté une vive colère. Les boues rouges envoyées à la mer présentent effectivement une haute toxicité.

Pour remédier à cela, l’entreprise s’est équipée de filtres-presses. Cela a permis le stockage à terre de ces boues rouges. Il ne reste plus que les effluents liquides qui seront déversés en mer. L’association CoLLecT-IF environnement a pourtant déclaré que même s’il n’est plus question de boues rouges, les rejets industriels aqueux restent sources de dangers. Face à ces critiques, Alteo a affirmé qu’il fera des efforts pour améliorer la qualité de ses effluents aqueux d’ici 2021.

Rappelons que cela fait maintenant 50 ans que le groupe rejette ses résidus industriels à Marseille. La fosse de Cassidaigne a déjà accueilli près de 20 millions de tonnes de boues rouges. On comprend mieux pourquoi les voix s’élèvent. D’autant que beaucoup semble avoir déjà oublié qu’au cours de la COP21, un sujet sur l’océan a été inscrit au sein de l’accord.