La 21e Conférence mondiale sur le sida s’est achevée vendredi

Cette semaine a été consacrée à l’évaluation des progrès faits en matière de lutte contre le sida et des défis à relever. Si ONUSIDA voit cet évènement comme un « élan mondial pour combler les lacunes », certains avis révèle de l’insatisfaction. Médecins sans Frontières (MSF) dénonce « un système d’action à deux vitesses », tandis que d’autres déplore la lenteur des progrès.

 

Un système d’action à deux vitesses en Afrique

Vendredi, la 21e Conférence mondiale sur le sida a été clôturée à Durban, en Afrique du Sud. Les chercheurs, activistes, décideurs politiques ont eu une semaine pour discuter des progrès réalisés ces dernières années dans la lutte contre le sida et des efforts à fournir pour les années à venir. Cela a permis de voir d’énormes lacunes dans la prévention et la lutte contre l’épidémie, notamment en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.

MSF dénonce des disparités, L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale sont marginalisées car la prévalence du sida y est de 2,3 %, beaucoup moins qu’en Afrique australe. Leur situation s’aggrave pourtant, « il y a un manque de mobilisation et de volonté politiques. Il y a aussi un manque d’adaptation des services de santé aux besoins des patients. Il y a une très grande stigmatisation. Et la société civile, les associations de patients sont un peu isolées. Elles n’ont pas pu mettre à l’agenda le problème du VIH comme dans d’autres régions de l’Afrique », explique Mit Philips, conseillère médicale chez MSF. La conseillère VIH sida pour MSF, Sharonann Lynch se dit choquée : « On promet de placer 30 millions de personnes sous antirétroviraux d’ici 2020. Et devinez quoi ? Un tiers des personnes concernées vit en Afrique de l’Ouest et centrale. Alors, va-t-on enfin essayer de résorber les inégalités, entre ceux qui ont accès aux traitements, et ceux qui sont tout simplement négligés ? »

Des progrès lents

Chaque année, on enregistre encore 2,5 millions de nouveaux cas de sida dans le monde. Les participants à la conférence déplorent le fait que ce chiffre n’a pas évolué depuis une décennie. « C’est probablement l’élément le plus inquiétant », d’après l’étude menée par le docteur Haidong Wang de l’institut de métrologie sanitaire et d’évaluation (IHME) à l’Université de Washington, à Seattle. Les participants mettent également en garde sur les risques de recrudescence de l’épidémie, notamment en Europe de l’est, en Asie et Afrique subsaharienne.

Ces dix dernières années, 74 pays ont connu une hausse du taux de contamination. Parmi eux se trouvent l’Indonésie, les Philippines mais aussi des pays d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d’Europe de l’Est. L’Europe occidentale, dont l’Espagne ou la Grèce ne sont pas épargnées. En 2015, la Russie présentait le plus grand nombre de nouvelles infections en Europe avec 57 340 cas, suivie par l’Ukraine avec 13 490 cas. Cette année encore, la Russie a été pointée du doigt car 80 % des nouveaux cas y ont été signalés durant ces cinq dernières années.

Une des inquiétudes des spécialistes est la baisse des financements des programmes de lutte contre le sida, ce qui pourrait favoriser la recrudescence de l’épidémie. « En 2015, ils sont passés en dessous du niveau de 2014, et dans de nombreux pays aux faibles ressources, les moyens consacrés à la santé sont faibles et ne devraient augmenter que lentement, si encore ils augmentent », déplore le docteur Haidong Wang.

Un essai de vaccin aux résultats prometteurs a été évoqué lors de cette conférence mais le développement des recherches dépend largement des investissements. En attendant, les scientifiques se penchent sur l’allègement des traitements.