Nigeria à la porte d’un désastre humanitaire

L’état de Borno sis au nord-est du Nigéria vit un désastre humanitaire sans précédent. Epidémies, hausse du taux de mortalité, malnutrition, afflux des réfugiés… le bilan dressé par Médecins sans Frontières est lourd et très inquiétant. Jusqu’à maintenant, l’organisation internationale déplore l’absence de mesures concrètes.

 

Situation alarmante dans l’Etat de Borno

En 2009, le mouvement insurrectionnel Boko Haram a assiégé les villes et villages de l’Etat de Borno, sauf Maiduguri, la capitale. En 2015, l’armée nigériane entame une offensive afin de reprendre le contrôle. Toutefois, il existe encore des zones que la secte islamiste radicale continue d’occuper.

A cause de cette situation, l’Etat de Borno compte jusqu’à deux millions de déplacés incluant 1,4 millions de personnes qui ont trouvé refuge à Maiduguri. 500.000 individus quant à eux se sont retrouvés en dehors de la capitale et n’ont accès à aucune aide.

Epidémie de rougeole, malnutrition, explosion de la mortalité…  « La situation est telle qu’il n’y a même plus de jeunes de plus de 12 ans dans la population des camps » raconte Jean-Hervé Bradol, le directeur d’études au Centre de réflexion sur l’action et les savoirs humanitaires (Crash).

Bien que Maiduguri ait déjà bénéficié d’aides, celles-ci s’avèrent insuffisantes. Le nombre de décès ne cesse d’augmenter. Preuve de drame humanitaire : près de l’hôpital de la capitale, un cimetière a compté 1.200 tombes de plus en l’espace d’une année.

 

MSF prend les choses en main

Devant l’urgence de la situation, MSF est contraint d’entamer une collaboration avec l’armée nigériane afin d’acheminer l’importante quantité de nourritures et de soins de santé à destination de cette population. Pour le compte de RFI, Isabelle Defourny la directrice des opérations à MSF raconte : « Aujourd’hui, on est dans une situation où la route est contrôlée par l’armée, et au bout de la route, on a une population qui est dans un état sanitaire extrêmement mauvais, qui n’a pas accès à la nourriture et aux soins de santé. Et c’est un choix qu’on assume en raison de la sévérité de la situation des populations ».

Outre l’association humanitaire d’aide médicale, le Programme Alimentaire Mondial va également entamer des actions pour secourir les populations.

La question qui se pose maintenant : y-a-t-il une possibilité de sortie de crise ? Il semble en plus que le gouvernement n’ait trouvé aucune mesure concrète jusqu’à maintenant. Il envisage certes d’organiser un retour de ces déplacés sur leurs terres d’origine, mais est-ce l’alternative la plus adaptée ?