Alep : aux portes d’un désastre humanitaire

Depuis la semaine dernière, la ville d’Alep est le théâtre de  bombardements massifs. Face à une telle escalade de violence, la trêve semble plus que jamais rompue et l’espoir de paix du peuple syrien est de nouveau anéanti.

 

Alep croule sous les bombardements

Malgré une trêve instaurée depuis le mardi 27 février dernier, la violence s’est accrue de nouveau en Syrie. En effet, les affrontements entre les forces du régime de Bachar  et celles des opposants ont repris vendredi dernier. Depuis, le bilan est déjà lourd puisque l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) fait état d’au moins 230 morts.

La plus meurtrière a été l’attaque du mercredi 27 avril dernier. Dans la nuit, un raid des forces gouvernementales a bombardé un hôpital soutenu par Médecins Sans Frontières et un immeuble contrôlé par les rebelles tuant au moins 27 civils, dont trois enfants. Pour Ban Ki-Moon, cette attaque est tout simplement « inexcusable ».

Mais l’offensive est loin d’être terminée. Le vendredi 29 avril dernier, un raid aérien a de nouveau lancé l’attaque sur une clinique située à Marjé, un quartier dans l’Est d’Alep et blessant ainsi plusieurs personnes dont des membres du personnel médical.

Ecœurée par la situation,  Marianne Gasser, chef du CICR en Syrie  a souligné que : « Il ne peut y avoir aucune justification à ces actes épouvantables de violence visant délibérément des hôpitaux et des cliniques. Des gens continuent à mourir dans ces attaques. Il n’y a désormais plus de lieux sûrs à Alep. Même dans les hôpitaux ».

 

La population syrienne en danger

Face à ces affrontements, le Secrétaire Général de l’ONU condamne les frappes aériennes de mercredi soir et fait appel aux antagonistes afin de renouveler leur engagement envers le « cessez-le feu ». Faute de quoi, les organismes humanitaires ne pourront pas accéder à ces plusieurs milliers de syriens qui se retrouvent piégés et livrés à eux-mêmes dans ces zones chaudes.

Comme le dit Jan Egeland, dirigeant du groupe de travail humanitaire en Syrie « les enjeux sont incroyablement élevés pour les prochaines heures et prochains jours (…) car il y tant de vies humaines dans la balance ». Il a aussi dénoncé que les principales cibles des attaques sont surtout les médecins et le personnel médical.

De leur côté, des médecins toujours présents dans la ville d’Alep ont lancé un cri d’alarme dans une lettre publiée par l’organisation Crisis Action en déclarant : « Nos hôpitaux sont près du point de rupture… bientôt, il n’y aura plus de professionnels de santé à Alep ».

Par ailleurs, Staffan de Mistura, envoyé spécial de l’ONU en Syrie a spécifié son inquiétude sur ce regain de violence durant ces deux dernières semaines qui a déjà impacté sur le cycle de négociations qui s’est tenu jusqu’au 27 avril dernier à Genève. Les deux grandes puissances concernées (Etats-Unis et Russie) sont également appelées à une résolution commune contre cette guerre civile qui perdure. Sans la fin des hostilités et sans l’accès durable à l’aide humanitaire, la Syrie poursuivra son chemin vers la dégradation.