Alep : au bord du chaos

Un appel à la paix est lancé par les évêques d’Alep face aux phases critiques traversées par cette ville. Un bilan macabre laisse croire qu’un retour au « cessez-le-feu » est probablement lointain.

 

Les infrastructures médicales fortement menacés

Depuis le vendredi 22 avril dernier, la ville d’Alep, au nord de la Syrie, est devenue le théâtre de violents affrontements entre les forces gouvernementales et celles de l’opposition. Pendant la première semaine, les zones détenues par les rebelles ont été la cible de plusieurs raids aériens menés par l’armée du régime. Pour cette deuxième semaine, la situation s’inverse et les rebelles ont lancé une pluie d’obus dans les quartiers de l’ouest de la ville, contrôlés par l’armée du régime.

Au début, les attaques visaient surtout des positions militaires, notamment dans le quartier d’Al-Zahra. Ensuite, elles se sont petit à petit élargies et ont touché des quartiers résidentiels. Par ailleurs, un hôpital privé d’Al-Dabit situé dans le secteur de Mohafaza a été détruit causant au moins 4 morts et 18 blessés selon l’agence de presse Sana.

Derrière ces attaques, les groupes terroristes sont particulièrement pointés du doigt. En effet, le régime de Bachar a déclaré dans un communiqué :  » Les groupes terroristes Front Al-Nosra, Ahrar Al-Cham et Jaïch Al-Islam ont lancé une grande attaque sur plusieurs fronts d’Alep après des bombardements intenses sur des quartiers résidentiels et un hôpital faisant des morts et des blessé parmi les civils ».

En seulement deux semaines, les bombardements ont causé la mort d’au moins 250 civils dont 50 enfants selon le rapport de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH). En outre, six centres médicaux syriens connaissent une destruction déplorable au préjudice des patients et du personnel médical. En ces cinq ans de guerre, 730 médecins ont déjà péri dans les différentes attaques. A l’heure actuelle, il n’en reste plus que 25 pour 250 000 habitants dans la zone rebelle.

 

Réaction de la communauté internationale face aux représailles

Durant les conflits, les hôpitaux et les centres de soin figurent toujours parmi les principales cibles des attaques, une situation qui a été visible en Yémen et en Afghanistan. En Syrie, 358 actions offensives délibérées, menées par les deux camps en conflits, ont pris pour cible des installations médicales.

Cette tactique vise à affaiblir davantage l’adversaire en s’assurant qu’il ne puisse pas obtenir des soins s’il est blessé. Malheureusement, ce sont surtout les civils qui sont les plus affectés par cette situation. Et aux yeux des défenseurs des droits de l’homme, il s’agit tout bonnement d’un « crime de guerre« .

Raison pour laquelle, les membres du conseil de sécurité des Nations Unies ont adopté une résolution qui réclame une protection primordiale du personnel ainsi que les installations médicales durant les conflits. Avec cette résolution, les pays membres doivent assurer une libre circulation du personnel médical ainsi que leur protection. Par ailleurs, ils doivent ouvrir une enquête sérieuse en cas d’incidents et doivent veiller à ce que les responsables ne restent pas impunis.

Pour le cas d’Alep, le Royaume-Uni et la France envisage une nouvelle réunion du conseil de sécurité des Nations-Unies. De son côté, Serguei Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères annonce l’éventualité d’un retour au « cessez-le-feu » dans les jours à venir étant donné que Washington et Moscou cherchent un moyen actuellement de résoudre ce conflit an Alep.