Haïti lance son appel au secours

Haïti croule sous les catastrophes et pourtant, le pays n’a pas les ressources nécessaires pour y faire face. Pour venir en aide aux victimes dans les brefs délais, les autorités haïtiennes et le PAM ont lancé une opération d’urgence, mardi dernier.

 

Haïti : un pays en détresse

Haïti est le pays le plus pauvre de l’Amérique avec un PIB de 829,6 dollars par habitant. Et les catastrophes qui l’ont frappé ces dernières années n’ont fait que l’enfoncer davantage dans cette pauvreté. Aujourd’hui, le pays crie plus que jamais la détresse de ses habitants.

En 2010, des casques bleus népalais ont introduit l’épidémie de choléra en Haïti. Depuis, 772.221 cas ont été enregistrés dont 9.236 décès. Actuellement, l’épidémie est loin d’être maitrisée et continue à faire des victimes. Selon le ministère haïtien de la Santé Publique et de la Population, 100 décès ont été enregistrés durant les deux premiers mois de cette année. Et ces chiffres risquent de s’aggraver puisque la situation en eau et en assainissement du pays est toujours catastrophique. D’après les dernières données de l’Enquête sur la mortalité, la morbidité et l’utilisation des services (EMMUSV), environ 30% de la population n’ont toujours pas accès à l’eau potable et consomment des eaux issues d’une rivière ou de sources non protégées. Et, plus de 23% de la population font leurs besoins (défécation) en plein air dans les zones urbaines contre 41% dans les zones rurales.

La même année, un violent séisme a ravagé tout Haïti. Bilan : une grande majorité des infrastructures ont été détruites et près de 60.000 personnes se sont retrouvées sans toit. Aujourd’hui, ces sinistrés vivent dans des camps de fortune aux conditions déplorables. Par ailleurs, le pays a traversé une violente crise politique suite à la victoire contestée de Jovenel Moïse le 25 octobre 2015. Pour couronner le tout, une période de sécheresse, aggravée par le phénomène El Niño, a frappé le pays et a détruit près de 70% des récoltes de ces derniers mois.

En tout, 3,5 millions d’haïtiens souffrent actuellement de faim dont 1,5 million sont en situation d’insécurité alimentaire grave. Pour cette année 2016, l’UNICEF estime que la malnutrition aigüe pourrait affecter 103.099 enfants dont 61.229 de cas modérés et 41.870 de cas sévères. En outre, la sécheresse a provoqué un stress hydrique auprès de 55,25% de la population durant l’année 2014-2015. Et le prix des aliments de base est en forte hausse.

 

Lancement d’une opération d’urgence

Face à une telle détresse, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a annoncé son intention de lancer une opération d’urgence en faveur de la population haïtienne, le lundi 18 avril dernier. Cette opération vise à apporter une assistance aux plus vulnérables du pays. En tout, ils seront un million à en bénéficier.

D’un côté, 700.000 d’entre eux vont recevoir des transferts d’argent qui vont leur permettre de s’acheter de la nourriture et des produits de première nécessité. De l’autre, 300.000 autres personnes bénéficieront à la fois du transfert d’argents et de la nourriture.

Dans un deuxième temps, de la nourriture sera distribuée à 200.000 personnes en échange de leur travail sur quelques projets dont la gestion de l’eau ainsi que la conservation du sol. Ceux-ci devront permettre à chaque communauté de relancer leur agriculture.

Par ailleurs, une distribution alimentaire à base de céréales vitaminées sera effectuée auprès des femmes enceintes ou allaitantes et des enfants pour prévenir la malnutrition. D’ailleurs, 485.000 enfants dans plus de 1.700 écoles ont déjà bénéficié de repas durant plusieurs mois grâce à la collaboration du PAM et du Programme National des Cantines Scolaires. Mais, par manque de moyens, ce programme ne touchera plus que 320.000 enfants à partir du mois de mai prochain.

Ainsi, PAM a donc besoin de fonds. Pour les opérations d’urgence, il aura besoin de 72 millions de dollars et sept millions de dollars pour continuer le programme alimentaire dans les écoles. « Nous devons travailler avec le gouvernement, les communautés locales et les autres partenaires sur le développement à long terme des capacités et sur des programmes d’agriculture résistant aux variations climatiques » a déclaré Ertharin Cousin, la directrice exécutive du PAM.