Haïti : vers le chaos total ?

Haïti figure parmi les pays les plus pauvres du monde et la situation actuelle au pays ne fait qu’empirer les choses. Entre l’instabilité politique qui persiste et la propagation rapide du virus Zika, le pays est au bord du chaos.

 

L’issue politique reste incertaine

Le 25 octobre dernier, une élection présidentielle se déroulait en Haïti. A l’issu de cette élection, Jovenel Moïse, un candidat du pouvoir, est arrivé en tête avec 32,81% des voix contre 25,27% pour René Préval, un ancien président qui a dirigé le pays en 1996 – 2001 et en 2006 – 2011.

Mais cette victoire a été vivement contestée par les autres candidats et leurs partisans. Ainsi, plusieurs mouvements de contestations ont eu lieu dans le pays, menant à des affrontements sanglants entre les protestataires et les forces de l’ordre.

De ce fait, le second tour qui aurait dû avoir lieu le 27 décembre a été reporté au 24 janvier. Mais face à la violence qui persistait dans le pays, la date n’a finalement pas été retenue.

Pourtant, le dimanche 7 février, Michel Martely, le président en place, a décidé de quitter son poste, laissant les rênes à Evans Paul, le premier ministre. Comme le pays n’a stipulé aucune loi qui prévoit une « vacance de pouvoir », Martely et les présidents des chambres parlementaires ont dû rapidement trouver un accord.

Dans cet accord, ils se sont convenus qu’un président provisoire devra être élu ce samedi 13 février  afin d’instaurer un gouvernement de transition en attendant le second tour de l’élection présidentielle fixé pour le 24 avril prochain.

Mais la situation ne s’est pas pour autant calmée dans le pays et l’annonce de cet accord n’a fait qu’augmenter la colère des protestataires qui estiment qu’il s’agit « d’une preuve que certains souhaitent en finir coûte que coûte avec un processus électoral alors que les résultats n’ont pas été vérifiés ».

 

Zika : hausse du nombre de cas

En parallèle, le pays doit actuellement faire face au fléau qui ravage plusieurs pays de l’Amérique Latine : Zika. En effet, depuis la confirmation de sa présence en Haïti par Florence Guillaume, la ministre de la santé publique, le 15 janvier dernier, le nombre de personnes affectées n’a cessé d’augmenter dans le pays.

Ainsi, selon les données de la direction d’épidémiologie de laboratoire et de recherche (DELR) du ministère de la santé publique, entre le 24 et le 30 janvier 2016, 204 cas ont recensés à travers le pays dont 52% sont des femmes, 42% des hommes et 6% des enfants.

Une importante hausse s’est donc produite depuis la confirmation du premier cas. En effet, durant la première semaine après la confirmation du premier cas, soit entre le 17 au 23 janvier, seuls 96 cas ont été détectés. Au 30 janvier, les autorités locales ont totalisé 329 cas.

La partie Ouest du pays a été la plus touchée en enregistrant 100 cas, soit 30,40%. Le reste s’est éparpillé à travers le pays : 59 cas dans le Nord (soit 17,93%), 70 cas dans l’Artibonite, 47 cas dans le Centre (14,29%), 22 cas dans le Sud (6,68%), 15 cas dans les Nippes (4,56%), 22 cas dans le Sud (6,68%), 6 cas dans le Nord-Est (1,82%), 6 cas dans la Grand Anse et 4 autres cas dans le Nord-Ouest soit 1,22%.

Et ce bilan risque de s’alourdir vu la vitesse de propagation de Zika, pourtant il n’existe encore à ce jour ni de vaccin, ni de médicament pour lutter efficacement contre ce virus.