Australie : les migrants subissent des traitements inhumains.

Amnesty international dénonce les « traitements inhumains » que subissent près de 1200 demandeurs d’asile à Nauru, un îlot en Australie. N’étant plus obligés de rester dans les centres de détention, les migrants se retrouvent exposés aux violences et aux abus. Une situation sur laquelle Canberra ferme les yeux.

Les migrants subissent des traitements inhumains

Les 1200 migrants de Nauru, dont 70 % ont le statut de réfugié, sont originaires d’Iran, d’Irak, du Pakistan, de Somalie, du Bangladesh ou d’Afghanistan. Des dizaines d’enfants figurent parmi eux. Ayant interrogé 84 personnes, dont 39 femmes et 9 enfants, Amnesty international et Human Rights Watch (HRW) dénoncent dans un rapport publié le mercredi 3 août le traitement infligé à ces personnes. « Peu de pays vont aussi loin pour infliger délibérément de la souffrance à des gens en quête de sécurité et de paix », critique la directrice des recherches d’Amnesty international, Anna Neistat. Poussés par le désespoir, certains de ces migrants sont tentés par le suicide.

En mai, lors d’une inspection du Haut-Commissariat des Nations, un réfugié iranien s’était immolé par le feu. « Cette action prouvera à quel point nous sommes épuisés, je n’en peux plus », aurait-il dit avant de se donner la mort. Les personnes interrogées par les deux ONG sont encore traumatisées par cette tragédie, mais ne bénéficient d’aucun suivi médical adapté. Souffrant d’anxiété, de dépression, de pertes de mémoire, les migrants multiplient les tentatives de suicide de différentes manières, en s’ouvrant une veine avec un couteau en plastique ou en avalant une bouteille de shampoing. « Ces gens sont poussés à un niveau de désespoir tel qu’ils considèrent que l’automutilation est le seul levier pour se faire entendre et le suicide la seule issue », explique Anna Neistat. Effectivement, ces demandeurs d’asile subissent des harcèlements, des agressions sexuelles, des vols. Une femme raconte qu’elle s’est mariée juste pour être protégée.

Une politique délibérée de Canberra

L’Australie finance le centre extraterritorial de traitement des demandeurs d’asile, à Nauru, depuis 2012. Familles, mineurs non accompagnés, hommes et femmes célibataires sont donc transférés de force sur l’îlot. Le gouvernement australien sait pourtant le traitement réservé à ces migrants. En effet, la Commission australienne pour les droits humains et l’égalité des chances (HREOC), le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), un Comité restreint du Sénat et un expert indépendant nommé par le gouvernement ont déjà révélé ces pratiques inhumaines et demandé au gouvernement d’agir.

Amnesty international et HRW dénoncent cette « politique délibérée » qui vise à dissuader de nouveaux migrants à venir dans le pays. « La politique de l’Australie consistant à exiler les demandeurs d’asile qui arrivent par bateau est extrêmement cruelle », a déclaré Mme Neistat. Pour sa part, Michael Bochenek, conseiller principal sur les droits de l’enfant à HRW a expliqué que « l’un des objectifs poursuivis par l’Australie à Nauru semble être d’amener les réfugiés au point de rupture, au moyen de violations répétées ».

La plupart des allégations des deux ONG ont été rejetées par le ministère de l’immigration australien. Ce dernier critique également la manière dont Amnesty international et HRW ont conduit l’enquête. Quoi qu’il en soit, les témoignages tiennent pour responsables des violations des droits humains l’Australie et Nauru.