Migrants : Canberra au centre des critiques

Considéré comme étant un camp de la honte, le camp de migrants de Manus était la bête noire des ONG. Mardi dernier, la Cour Suprême papouasienne leur a donné raison et a ordonné sa fermeture dans les brefs délais.

 

Une politique restrictive

Depuis le début de la crise migratoire, l’Australie est dans le viseur de l’ONU et des organisations de défense des droits de l’homme. Pour cause, le pays implique une politique restrictive en matière de migration. En effet, Canberra repousse systématiquement tous les bateaux clandestins hors de son territoire maritime. Et les migrants qui parviennent à atteindre les côtes sont tout de suite envoyés dans les camps de rétention situés dans les petites îles du Pacifique comme Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou l’Etat indépendant de Nauru, le temps que leur demande soit traitée.

La politique australienne est stricte sur ce sujet : aucun migrant entré illégalement sur le pays ne pourra s’y installer même si sa demande est considérée comme étant « légitime », ceux qui sont reconnus comme réfugiés pourront trouver refuge auprès de la Papouasie-Nouvelle Guinée et ceux dont les demandes ont été rejetées doivent rentrer immédiatement chez eux.

Actuellement, l’île de Manus  abrite 800 demandeurs d’asile originaires de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan et du Soudan. Or, les conditions de vie y sont déplorables. D’ailleurs, Fairfax Media a publié, en janvier dernier, un rapport qui évoque plusieurs cas de pendaison et d’automutilation de ces migrants désespérés. Malheureusement, aucun de ces cas n’a pu être confirmé puisque l’île est interdite aux journalistes et aux ONG.

 

Un accord anticonstitutionnel

L’ancien chef de l’opposition papouasienne Belden Nahm a introduit en instance la demande d’annulation pour inconstitutionnalité de cet accord passé entre L’Australie et la Papouasie-Nouvelle Guinée. Effectivement, la Cour suprême de la Papouasie-Nouvelle Guinée confirme que cette entente est illégale et inconstitutionnelle, ce qui inclue que Canberra est sommé de trouver toutes solutions nécessaires pour que cette situation critique se dénoue.

De son côté, Peter Dutton, le ministre australien, réitère que la politique menée par son pays concernant le renforcement de ses frontières est irrévocable en dépit de la position souveraine de la Cour papouasienne. Néanmoins, les pourparlers auront lieu entre la  Papouasie-Nouvelle Guinée  et l’Australie, dans les prochains jours, pour fixer la date de fermeture du camp et déterminer les démarches incontournables de relocalisation des réfugiés.

En saluant cette décision de la Cour Suprême, Richard Di Natale, Président du Parti des Verts en Australie a souligné que « ce ne sont pas ceux qui demandent l’asile qui sont illégaux mais les actions entreprises par le gouvernement australien». Mais Canberra est ferme à ce sujet, cette politique permet de dissuader les partisans de l’immigration de mener des voyages à risques pour rejoindre l’Australie.