Catastrophes naturelles et pauvreté : un cercle vicieux

Selon un rapport de la Banque mondiale publié lundi, les catastrophes naturelles plongent chaque année 26 millions de personnes dans la pauvreté. Elles engendrent également un déficit de 520 milliards de dollars par an. Il devient crucial de comprendre ce lien entre catastrophes naturelles et pauvreté pour pouvoir y remédier.  

 

Énormes pertes économiques

Le coût des catastrophes naturelles a largement été sous-estimé. En moyenne, le total des pertes s’était élevé à 327 milliards de dollars en 2015, d’après le bilan mondial des Nations Unies. Le rapport de la Banque mondiale révèle à son tour que les pertes sont estimées à 520 milliards de dollars par an, soit un chiffre supérieur de 60 %.      

Cet énorme écart s’explique par le fait que la Banque mondiale a privilégié les données concernant la vulnérabilité des populations. C’est-à-dire qu’elle est allée au-delà des seules pertes matérielles, comme l’explique à l’AFP Stéphane Hallegatte, coordonnateur du rapport. « Les pertes matérielles ne sont pas un bon indicateur car elles ne prennent pas suffisamment en compte les plus pauvres ».

Les catastrophes naturelles menacent la lutte contre la pauvreté.

Pour la Banque mondiale, les fléaux naturels ont des conséquences différentes sur les individus, selon leur situation financière. « Une perte d’un dollar ne signifie pas la même chose pour quelqu’un de pauvre ou quelqu’un de plus aisé », explique ses experts. En adoptant cette nouvelle vision, la Banque mondiale a constaté que « les plus pauvres ne subissent que 11 % des pertes matérielles mais 47 % des pertes de bien-être ». Certaines familles endettées vont jusqu’à vendre les biens qui leur restent pour rembourser ce qu’elles doivent.

Ainsi, 26 millions de personnes sont basculées dans la pauvreté à cause des catastrophes naturelles. De plus, les aides proposées aux rescapés ne sont pas forcément adaptées aux plus défavorisés. Outre les réhabilitations des routes ou des bâtiments publics, on doit pouvoir répondre aux besoins d’urgence comme l’accès immédiat à des ressources financières.

Ce nouveau rapport de la Banque mondiale va surement réorienter les débats à la COP22 qui se tient actuellement à Marrakech, au Maroc. Il devient urgent de discuter de la réactivité de la communauté internationale et du renforcement de la résilience des populations face à des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes. Ce sujet est particulièrement important pour l’Afrique, le continent le plus touché par les évènements climatiques extrêmes.