COP 21 : Les attentes à la veille de sa clôture

Au dixième jour des négociations, la COP21 entame sa dernière ligne droite mais loin de rassurer et de satisfaire les attentes des uns et des autres, les décisions prises déçoivent et créent des inquiétudes chez les ONG qui brandissent la carte d’une mobilisation le 12 décembre malgré les restrictions.

 

Un projet d’accord pas satisfaisant

Le nouveau projet d’accord dévoilé mercredi 9 décembre par le président de la COP, Laurent Fabius, est jugé pas assez ambitieux. Il fait apparaître des compromis sur certains points mais laisse ouvertes des questions cruciales comme la différenciation de l’effort entre Nord et Sud, les financements,  le niveau d’ambition global, sur lesquelles « les choix politiques restent encore à faire ». Les premières réactions des ONG sont empreintes d’inquiétude, mais le marathon des négociations n’est pas terminé.

 » Nous avons progressé, mais il reste encore pas mal de travail » a dit  M. Fabius à deux jours de la clôture  de la conférence mondiale sur le climat, en annonçant une nouvelle version du projet d’accord aux ministres et négociateurs. Un texte remanié qui, a-t-il souligné, présente « une cartographie des progrès réalisés et des points de convergence qui restent à construire ».

Par rapport au document de 48 pages adopté samedi, le texte a été réduit à 29 pages. Trois quarts des crochets – les formulations non tranchées – ont été supprimés. Mais il en reste encore 366, assortis de 47 options.

Des compromis ont émergé sur le renforcement de l’adaptation aux impacts du changement climatique, « ce qui va nous permettre de nous concentrer sur la question des pertes et des dommages », a indiqué Laurent Fabius. Ajoutant que les négociateurs étaient aussi « très près de conclure » sur la transparence du suivi des engagements.

 

Les ONG mettent la pression sur les négociateurs :

Les ONG aspirent à plus de responsabilités et d’engagements de la part des décideurs politiques . Elles ont manifesté  leur impatience devant la salle de la conférence dès mercredi et réclament plus d’équité, de justice sociale et de solidarité envers les pauvres et les plus vulnérables, c’est -à- dire, les enfants, les vieux, les déplacés et les femmes. Des solutions qui tiennent compte de la résilience et de l’adaptation aux changements climatiques sont les exigences attendues et inscrites dans les revendications qu’elles ont brandies à fort renfort de pancartes. Ils tiennent à faire entendre la voix  des pays victimes dont les principales préoccupations sont la montée des eaux et des océans, l’avancée de la désertification, ou encore l’inondation.

 

Appel à manifester

La Coalition Climat qui parraine les actions prévues regroupe plus de 130 associations et syndicats. Ses militants ont déjà annoncé vouloir maintenir la pression sur les gouvernements et continuer à se mobiliser pour la justice climatique. Ils donnent rendez-vous à la population et lancent un appel à descendre dans les rues de Paris malgré les restrictions prises au lendemain des attaques terroristes du 13 novembre dernier. La ville reste sous état d’urgence et les manifestations interdites.

Les ONG n’entendent pas annuler les leurs, samedi, à l’instar de l’édition parisienne de la marche mondiale pour le climat, le 29 novembre, non autorisée par la préfecture. Ils comptent mener des actions « s’inscrivant dans la non-violence et le pacifisme ». L’arc des forces derrière les différents rendez-vous est très varié.

 

Divers programmes agencés : lignes rouges à ne pas franchir, descente dans les rues….

Dès 9 h 30, à l’initiative des Amis de la Terre, du CCFD-Terre Solidaire et de Peuples Solidaires, plusieurs centaines d’équipes vont se répartir dans les rues de Paris pour écrire, avec un système de géolocalisation de leurs téléphones portables, le message « Climate justice for peace » (« justice climatique pour la paix »). Une manifestation visible grâce à une application disponible samedi.

A midi, d’autres organisations, telles que 350.org et Attac, prendront le relais en organisant des « lignes rouges » dans un quartier très symbolique de la capitale. Plusieurs milliers de personnes rendront alors hommage aux victimes du réchauffement climatique en dénonçant les responsables. Munis de fleurs rouges et de banderoles, les militants traceront une ligne « à ne pas franchir » pour le réchauffement climatique, à savoir les 1,5 °C toujours en négociation à la COP21.

Quel sera le message des ONG le 12 décembre, au lendemain de la signature attendue d’un accord pour le climat ? Quelle que soit la nature des engagements finaux, il est probable que les militants pour le climat, mobilisés tout au long de la conférence de Paris, soient déçus par un accord jugé pas assez ambitieux.