Cop 21 : Comprendre le refus des pays récalcitrants

Les dirigeants du monde se réunissent à Paris pour adopter le traité sur le climat et une nouvelle série d' »objectifs mondiaux ». Mais le Nicaragua défend ses positions quitte à être traité de récalcitrant, voire conservateur. Arguments.

Des efforts pour ne pas polluer :

La donne a changé pour le Nicaragua qui n’a pas attendu la COP 21 pour entamer sa transition énergétique. Il fait des efforts pour ne pas polluer. De dépendant quant à sa propre consommation d’hydrocarbures, il est devenu un pays le moins pollueur et le champion en matière de protection de l’environnement ,grâce à ses énergies renouvelables.
La biomasse est la seconde source d’énergie du pays. La bagasse, résidu de la transformation de la canne à sucre, dont le Nicaragua est un grand producteur, se trouve être un très bon combustible.

Plus de 40% de l’électricité est d’origine renouvelable; Le pays regorge de ressources énergétiques « vertes » : rivières, forts vents, fort taux d’ensoleillement et bassin volcanique propice à la géothermie. Il est en phase de produire la moitié de son électricité grâce aux énergies renouvelables et souhaite atteindre 94% à l’horizon 2027.

A l’aide d’une politique de crédits d’impôt, le gouvernement a attiré les grandes entreprises internationales et les investissements dans les énergies vertes , lesquelles ont explosé depuis.

Cette politique a un triple avantage. Elle permet de répondre à la forte croissance de demande en électricité, dans un contexte de développement démographique et économique, les 5,9 millions d’habitants du pays n’ayant consommé que 4 TWh en 2012. On note une diminution de la consommation d’hydrocarbures pour la production d’électricité et cela contribue au rééquilibrage de la balance commerciale.

Selon le gouvernement, depuis 2005, le Nicaragua a économisé 228 millions de dollars sur sa facture de pétrole importé. Et pour finir, grâce à ses énergies renouvelables , le pays peut limiter ses émissions de CO2 et avoir une croissance plus durable. Le Nicaragua veut être un leader en la matière.

De ces arguments, le Nicaragua est en position de force pour peser de tout son poids pour faire valoir ses positions et revendications. Contrairement, aux autres pays industriels et émergents comme l’Inde, le Vénézuela ou l’Arabie Saoudite, lesquels ne veulent pas renoncer aux énergies fossiles comme le pétrole afin de maintenir leurs rentes.

Des intérêts contradictoires et des positions assouplies :

Pour l’Inde, elle jouera gros lors de ces négociations. Troisième émetteur de CO2 du monde de manière relative puisqu’un Indien émet dix fois moins qu’un Américain, et 3 fois moins qu’un Français, le pays a encore un besoin considérable de développement pour aider sa population à sortir de la pauvreté. Il y a un besoin de continuer l’industrialisation naissante et d’accroître les réseaux de transports. Cela passera inévitablement par une hausse significative des émissions de carbone..

Néanmoins,New Delhi va prendre part aux efforts mondiaux. L’Inde plaide pour un plan ambitieux de développement de l’énergie solaire.Une alliance internationale dont l’objectif est de favoriser le partage de technologies entre pays du sud, au lieu d’attendre un transfert de la part des pays industrialisés. Cette initiative est approuvée par le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.

Autres objectifs, multiplier par 25 les capacités de production de solaire dans les sept ans à venir afin que, d’ici à 2030, 40 % de l’électricité soit produite par des sources renouvelables.
Des nations comme les Etats-Unis, ne sont pas prêts à remettre en cause leur mode de vie extrêmement polluant, mais demandent à l’Inde de se serrer la ceinture avant même que toute sa population ait accès à l’électricité.

De bonnes nouvelles :

L’humanité serait toujours confrontée à des migrations massives et à une pauvreté croissante provoquées par la hausse du niveau des océans, des sécheresses et de violentes tempêtes. Mais, une bonne nouvelle pour les pays émergents et l’ensemble de l’Afrique : 10 pays (Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Etats-Unis d’Amérique, Royaume-Uni, Union européenne, Suède, Pays-Bas) se mobilisent pour fournir 10 milliards de dollars de financements publics d’ici 2020 – prêts et dons – à l’Union africaine sur les énergies renouvelables.

Les émissions de CO2 (principal gaz à effet de serre) issues de la combustion d’énergies fossiles se sont stabilisées en 2014 et devraient baisser légèrement –d’environ 0,6%– en 2015, selon une étude parue dans la revue Nature Climate Change.

La baisse attendue en 2015 est largement attribuée au déclin de l’utilisation du charbon en Chine.Le découplage de la croissance économique et des émissions dues aux énergies fossiles est un objectif clé dans les efforts menés pour limiter le réchauffement climatique en basculant vers des sources d’énergies n’émettant pas ou peu de CO2, comme l’éolien, le solaire, l’hydraulique ou le nucléaire.

Ce qui devrait réjouir et infléchir le Nicaragua et les autres pays récalcitrants à revoir leur refus de publier leur contribution à la réduction du réchauffement climatique, lequel doit passer par un accord. La crainte serait que Paris accouche d’un texte minimaliste, non contraignant juridiquement, et surtout qui risque d’enterrer la différenciation entre les pays du nord, responsables historiques du réchauffement climatique, et ceux du sud.